Législatives 2024 : "Alliances contre-nature" dénoncées par le RN, "immense soulagement" du NFP... Les principales réactions politiques après le second tour

Le Nouveau Front populaire est arrivé en tête du deuxième tour des législatives dimanche, devant Ensemble-Renaissance et le Rassemblement national. Rapidement, les femmes et hommes politiques ont réagi. Voici ce qu'il faut retenir.
Article rédigé par franceinfo
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Les militants du PS célèbrent l'arrivée en tête du Nouveau Front populaire lors du second tour des élections législatives, le 7 juillet 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Aucun des blocs politiques n'obtient de majorité à l'Assemblée nationale, selon les premières estimations. Le Nouveau Front populaire arrive en tête du second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet, avec entre 177 et 192 sièges, selon la dernière estimation Ipsos / Talan pour Radio France et France Télévisions. Le camp présidentiel (Ensemble) est crédité de 152 à 158 sièges. Le Rassemblement national et ses alliés obtiennent de 138 à 145 députés. Les Républicains et divers droite obtiennent de 63 à 68 sièges. La participation pour ce second tour s'élève à 67,1%, un taux record depuis 1997. 

Le Nouveau Front populaire 

Jean-Luc Mélenchon (LFI) a pris la parole le premier après l'annonce des résultats, peu après 20 heures. La France Insoumise obtient entre 68 à 74 à l'Assemblée nationale. "C’est un immense soulagement". "Notre peuple a clairement écarté la solution du pire pour lui, ce soir le RN est loin d’avoir une majorité absolue", a déclaré la figure de La France insoumise. "Le Premier ministre doit s’en aller, le président a le pouvoir et le devoir d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner."

Le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard, déclare que "c’est un vote de rejet de la politique d’Emmanuel Macron et c’est une défaite pour le RN, donc oui bien sûr, c'est une victoire pour le Nouveau front populaire". La députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain appelle les députés de gauche à se réunir lundi pour proposer un Premier ministre.

À l'issue du second tour des législatives anticipées, le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, estime sur le réseau social X que "ce 7 juillet rentrera dans l'Histoire". "Les Français ont déjoué le scénario annoncé. Je suis fier de notre peuple. Répondons à ses aspirations. Il y a urgence !", écrit-il.

La secrétaire générale des Écologistes, Marine Tondelier, a parlé d'une "très bonne nouvelle". "Ce soir la justice sociale a gagné, la justice environnementale, et le peuple, a gagné, et cela ne fait que commencer. Ce soir, nous avons gagné, on sait pourquoi, on sait grâce à qui et on sait comment."

Raphaël Glucksmann, l’eurodéputé PS - Place publique s’est félicité sur France 2 : "notre pays ne sera pas gouverné par l’extrême droite". "Nous sommes en tête dans une Assemblée divisée, il va falloir dialoguer", a-t-il ajouté.

Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, salue "la victoire du Nouveau Front populaire", "ce vote confère au NFP une responsabilité immense de trouver un chemin pour faire avancer la France". "Nous ne nous prêterons à aucune coalition des contraires qui trahirait le vote des Français".

L'ancien président de la République, François Hollande, élu en Corrèze, a reconnu que "dans cette circonscription, et au-delà, la victoire a été au rendez-vous". Il a tenu à remercier "tous les partis de la gauche qui ont compris quel était le sens de cette démarche." Il évoque aussi "des femmes et des hommes qui ne sont pas de gauche, mais qui ont voulu, par leur vote, faire en sorte que le résultat soit clair, limpide, incontestable."

Depuis sa circonscription, à Flixecourt, François Ruffin, député sortant réélu du parti Picardie Debout, a déclaré "nous l'avons fait, nous l'avons emporté". "Il n'y a pas de fatalité, nous l'avons emporté, [...] pas seulement ici, mais aussi dans le pays. Ce soir, l'espoir renaît." François Ruffin appelle cependant à la prudence, "attention aux illusions", alors qu'en Picardie, "nous avons 13 députés sur 17 au Rassemblement national".

Le camp présidentiel

Le Premier ministre Gabriel Attal a réagi depuis Matignon peu après 21 heures. "Ce soir, aucune majorité absolue ne peut être conduite par les extrêmes". "Notre mouvement est bel et bien vivant, nous avons tenu et nous sommes debout". "Une nouvelle ère commence, le centre de gravité du pouvoir sera plus que jamais au Parlement", a-t-il ajouté. Réélu député dans les Hauts-de-Seine, Gabriel Attal déclare qu’il remettra lundi matin sa démission au président de la République.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, réélu dans le Nord, déclare que "personne ne peut dire qu'il a remporté" ces élections, "surtout pas Monsieur Mélenchon".

Sacha Houlié, député sortant Ensemble réélu dans la Vienne au second tour, réagit sur X : "Dans de nombreuses circonscriptions, le barrage républicain a pleinement fonctionné. La France a aussi un nouveau visage et de toute évidence la sociale démocratie a une place essentielle dans la vie politique de notre pays. J’en tirerai les conséquences."

François Bayrou, maire de Pau et président du MoDem : "C’est le président de la République qui nommera le Premier ministre", rappelle François Bayrou. Emmanuel Macron attendra la "structuration" de la nouvelle Assemblée pour "prendre les décisions nécessaires" fait savoir l’Élysée. Le président du MoDem estime qu'il est"inimaginable que le nouveau Front populaire ait quelque majorité que ce soit" pour gouverner à l'issue du second tour. "Personne n'a gagné", souligne-t-il, estimant que les électeurs ont d'abord voté au second tour pour empêcher le Rassemblement national d'avoir une majorité absolue.

Pour Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, réélue dans le Calvados, "nous devrons bâtir des compromis pour nos citoyens". "On doit tous plus que jamais travailler ensemble", ajoute l’ancienne Première ministre, "les colères exprimées par les citoyens, c’est un défi […] Il faut répondre plus efficacement et plus rapidement."

Édouard Philippe, ancien premier ministre et maire du Havre, déclare qu'"il y a encore dans notre pays une majorité écrasante qui ne veut pas du RN". Mais "l’absence de majorité et l’absence de gouvernement exposeraient les Français à des dangers redoutables, la crédibilité de notre pays pourrait être atteinte", ajoute-t-il. "Les forces centristes ont leur responsabilité", dit l’ancien Premier ministre qui appelle à un "accord" entre forces politiques, mais sans la France insoumise.

Le Rassemblement national et ses alliés

Jordan Bardella, président du Rassemblement national, tient "à remercier le sursaut républicain", mais fustige les "alliances politiciennes contre-nature". Il souligne que "le RN réalise aujourd’hui la percée la plus importance de toute son histoire". Pour lui, "l’alliance du déshonneur prive ce soir les Français d’une politique de redressement". "Un vent d’espoir s’est levé", affirme Jordan Bardella, "je serai là pour vous, ce soir tout commence".

Marine Le Pen, réélue députée RN du Pas-de-Calais dès le premier tour dimanche dernier, note la progression de son camp "face à une coalition totale de tous les mouvements allant de LR à LFI". Pour elle, "la marée monte, elle n'est pas montée assez haut cette fois-ci, mais elle continue à monter et, par conséquent, notre victoire n'est que différée". Sa sœur Marie-Caroline Le Pen, elle aussi RN, a été battue de peu dans la 4e circonscription de la Sarthe par la candidate du Nouveau Front populaire, la députée sortante Elise Leboucher (LFI), élue avec 50,23% des voix.

Pour Louis Aliot, premier vice-président du RN et maire de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, "il n’y a pas de majorité, on a préféré le chaos". "Je pense que dans un an, nous revoterons, car la France sera ingouvernable". Son parti est la 3e force de la nouvelle Assemblée élue, selon les premières estimations.

Éric Ciotti, qui s'est allié au Rassemblement national pour les élections législatives, indique sur X qu'il est "réélu dans la première circonscription des Alpes-Maritimes. Merci aux Niçois qui m’ont fait une nouvelle fois confiance !"

Les Républicains et la droite

Dans un message publié sur X dimanche soir, le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, estime que "ce soir, Emmanuel Macron est l’otage de la gauche et les Français avec lui", et malgré une quatrième place, son parti fait "mieux que résister". "L’alliance dans l’entre-deux-tours du camp présidentiel avec le Front populaire conduit à la victoire de la gauche, dans une France pourtant majoritairement à droite", écrit le sénateur de Vendée. 

Dans une vidéo postée sur X dimanche soir, le maire du Puy-en-Velay et président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, assure qu'il n'y aura "ni coalition ni compromission" de la part de LR. Élu député dans la 1re circonscription de la Loire, il dit "mesurer à quel point les Français, après ces résultats, sont inquiets pour l'avenir".

Le maire de Cannes David Lisnard estime dans une publication X que "c'est par un nouveau projet libéral et populaire que la droite pourra gagner et remettre le pays en ordre". "Notre devoir d’espoir est là", ajoute-t-il.

Sur X, Xavier Bertrand, le président LR de la région Hauts-de-France, adresse ses "félicitations à tous nos candidats Les Republicains élus ce soir qui ont tenu bon face aux trahisons et vents mauvais". "Nos députés, enracinés, seront aux cœurs des décisions à l’Assemblée nationale et incarneront une droite 100% républicaine qui se battra avant tout pour les Français", ajoute-t-il.

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