Résultats des législatives 2024 : douche froide pour le RN et ses alliés, en dépit d'une progression historique

C'est la douche froide pour le Rassemblement national. Certes, le parti d'extrême droite gagne en poids à l'Assemblée nationale, en décrochant avec ses alliés ciottistes entre 143 sièges à l'issue du second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet, selon les résultats définitifs affichés par le ministère de l'Intérieur. Avec le soutien des Républicains qui ont suivi Eric Ciotti, le RN enverra le plus gros contingent de députés de son histoire au Palais-Bourbon.

Mais Marine Le Pen et Jordan Bardella terminent très loin de leur objectif d'obtenir la majorité absolue afin de gouverner le pays, martelé tout au long de la campagne. La coalition RN-LR finit troisième, derrière le Nouveau Front populaire et l'alliance présidentielle d'Emmanuel Macron.

Dans le détail, le RN parvient à faire élire entre 126 députés sous ses couleurs à l'issue du second tour des législatives. Une progression significative par rapport au précédent scrutin législatif de 2022, lors duquel le parti d'extrême droite avait décroché 89 sièges (avant d'en perdre un lors d'une législative partielle en 2023). Eric Ciotti, président contesté des Républicains (LR) depuis son choix de s'allier avec Jordan Bardella, voit 17 de ses candidats être élus à l'issue du second tour. Dès le premier tour, le dimanche 30 juin, 39 candidats du RN et de ses alliés avaient été élus.

Le député sortant Jean-Philippe Tanguy l'emporte avec 57,48% des voix dans la 4e circonscription de la Somme face au candidat de la majorité Anthony Gest (42,52%). Dans la 2e circonscription du Lot-et-Garonne, Hélène Laporte avait frôlé la réélection dès le premier tour. L'ancienne vice-présidente de l'Assemblée s'impose (57,2%) face à Christophe Courrègelongue (42,8%), le candidat du Nouveau Front populaire. La sœur aînée de Marine Le Pen, Marie-Caroline Le Pen, perd son pari dans la 4e circonscription de la Sarthe où elle a été parachutée. Elle obtient 49,77% des suffrages, derrière la députée sortante insoumise Elise Leboucher (50,23%). Le président des Républicains, Eric Ciotti, est réélu dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes (45,14%), où il affrontait le candidat du Nouveau Front populaire Olivier Salerno (32,13%) et Graig Monetti de la majorité présidentielle (22,73%) dans le cadre d'une triangulaire.

Les portes de Matignon se ferment pour Jordan Bardella 

Les résultats du second tour enterrent toute perspective d'une cohabitation entre le RN et Emmanuel Macron. C'est un camouflet pour Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui vont rester dans l'opposition. "C'est le scénario le plus simple", prédisait l'eurodéputé RN Philippe Olivier, si jamais son parti ne décrochait pas la majorité absolue. "On rigole et on regarde Monsieur Macron se débrouiller avec son chaos institutionnel." Mais la dynamique du parti a été enrayée par les désistements républicains de ses adversaires politiques, ce qui ne manquera pas d'inquiéter l'état-major du RN en vue des prochaines échéances électorales.

Devant des militants réunis dans une salle du 12e arrondissement de Paris, le président du RN a dénoncé "des alliances politiciennes contre-nature destinées à empêcher par tous les moyens les Français de se choisir librement une politique différente". Jordan Bardella a commencé à évoquer l'avenir de son parti. "Le RN va amplifier son travail à l'Assemblée nationale, d'abord derrière Marine Le Pen, et dans le pays", ainsi qu'au Parlement européen, "au sein d'un grand groupe qui pèsera dans les rapports de forces en Europe pour refuser la submersion migratoire, l'écologie punitive et la confiscation de notre souveraineté", a-t-il promis.