Résultats des législatives 2024 : arrivé deuxième, le camp présidentiel perd environ 100 députés mais évite le pire

La coalition Ensemble des partis Renaissance, MoDem et Horizons obtient 163 députés et devient la deuxième force à l'Assemblée, selon notre estimation Ipsos-Talan
Article rédigé par Margaux Duguet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le Premier ministre, Gabriel Attal, et le président de la République, Emmanuel Macron, lors du 84e anniversaire de l'appel du 18-Juin à Suresnes (Hauts-de-Seine), le 18 juin 2024. (LUDOVIC MARIN / MAXPPP)

Emmanuel Macron a raté son pari. Le camp présidentiel perd sa majorité relative à l'Assemblée nationale et obtient entre 163 sièges au second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet, selon une estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP. La coalition Ensemble arrive deuxième derrière le Nouveau Front populaire, qui recueille 180 sièges. Le camp présidentiel parvient toutefois à se maintenir devant le Rassemblement national et ses alliés, troisièmes avec 143 sièges. L'alliance de gauche s'impose comme la première force politique de l'Assemblée, sans toutefois parvenir à obtenir une majorité absolue. 

Après le revers des européennes, ces résultats constituent un nouveau dur pour Renaissance et ses alliés du MoDem et d'Horizons. La dissolution de l'Assemblée nationale, décidée par Emmanuel Macron, s'achève sur un recul massif du bloc macroniste : juste avant, il disposait en effet d'une force de 250 parlementaires (169 Renaissance, 50 du MoDem et 31 d'Horizons). Certes loin de la majorité absolue, fixée à 289 députés, mais suffisante pour faire passer des textes en votant avec la gauche ou la droite. C'était tout de même déjà 110 élus de moins qu'en 2017.

De nombreuses figures du camp présidentiel ont aussi été éliminées dès le premier tour, à l'image de l'ancien ministre Clément Beaune à Paris. D'autres se sont désistées avant le second tour pour éviter des triangulaires favorables au RN, à l'instar de cinq membres du gouvernement. La secrétaire d'Etat chargée de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, une proche du couple Macron, s'est désistée dans les Bouches-du-Rhône ; Dominique Faure, la ministre déléguée aux Collectivités et à la Ruralité, a fait de même en Haute-Garonne ; tout comme la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux dans l'Essonne. 

Le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, est battu à Paris avec 46,41% des voix. Sa collègue à l'Enfance, Sarah El Haïry, étiquetée MoDem, n'est pas réélue en Loire-Atlantique, avec 37,38% des voix. L'ancien ministre Olivier Véran n'est pas non plus réélu en Isère, où il est battu par un jeune militant investi par le Nouveau Front populaire.  

Le bloc central peut cependant se consoler avec la réélection de plusieurs de ses ténors. Le Premier ministre, Gabriel Attal, s'impose dans son fief des Hauts-de-Seine avec 58,23% des voix face au NFP, tout comme la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, dans le même département. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (49,1%), est réélue dans les Yvelines, tandis que l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne sauve également son siège dans le Calvados face au RN, avec 56,36% des voix, après le désistement du candidat de la gauche. 

Des dissensions dans l'ancienne majorité

Que va-t-il se passer maintenant ? Le flou régnait dans l'entre-deux-tours du côté des soutiens du président. "J'ai du mal à savoir. A l'Elysée, ils font 1 000 scénarios", confiait à franceinfo un proche d'Emmanuel Macron. Le camp présidentiel, qui s'est divisé sur les consignes de vote, notamment en cas de triangulaire face au Rassemblement national impliquant La France insoumise, s'interroge également sur la suite, alors que flotte un parfum de fin de règne. Le patron d'Horizons, Edouard Philippe, qui avait accusé le président d'avoir tué la majorité présidentielle, pourrait ainsi s'émanciper. L'ex-chef du gouvernement veut créer "une majorité parlementaire, plus stable, plus ouverte", de "la droite conservatrice à la gauche sociale-démocrate", rapporte France Bleu. François Bayrou, le patron du MoDem, a lui préconisé sur France 2 la composition d'un "gouvernement d'entente républicaine hors extrêmes" pour apaiser la France, en n'excluant pas d'en faire partie ou de le diriger.

Les macronistes, une partie de la gauche sans La France insoumise et certains membres des Républicains pourraient essayer de former une "grande coalition", courante dans les pays européens, mais étrangère aux traditions françaises. Ce scénario était cependant encore loin de faire l'unanimité avant le second tour. D'autant plus que l'absence du mouvement de Jean-Luc Mélenchon empêcherait d'avoir une majorité absolue, Emmanuel Macron ayant martelé mercredi en Conseil des ministres qu'il n'était "pas question" de "gouverner" avec les insoumis.

Une position partagée par les responsables du mouvement de gauche radicale, qui n'entendent gouverner que pour appliquer leur programme. Et, si la patronne des Ecologistes-EELV, Marine Tondelier, n'a pas fermé la porte à ce scénario, elle a exclu un nouveau "Premier ministre macroniste".  Les partenaires possibles d'une éventuelle coalition semblent en tout cas se rejoindre pour dire que les discussions au lendemain du scrutin devraient se faire depuis le Parlement et non l'Elysée. "Soit le pouvoir sera entre les mains d'un gouvernement d'extrême droite, soit le pouvoir sera au Parlement", a résumé Gabriel Attal, sur France Inter, mercredi. 

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