Résultat des législatives 2024 : le camp présidentiel, largement battu, arrive à la troisième place du 1er tour avec 21% des voix, selon notre estimation Ipsos-Talan
Il n'y aura pas eu de sursaut dans les urnes pour le camp présidentiel. Après les élections européennes, il subit une nouvelle défaite électorale majeure. Les partisans d'Emmanuel Macron obtiennent 21% des suffrages exprimés, dimanche 30 juin, lors du premier tour des élections législatives anticipées, selon une estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP. C'est cinq points de moins qu'en 2022, lors des précédentes législatives, quand Renaissance et ses alliés avaient obtenu 25,75% des voix. Surtout, le bloc central termine en troisième position, très loin derrière le Rassemblement national (33,2%) et la gauche, rassemblée sous les couleurs du Nouveau Front populaire (28,1%).
Depuis l'annonce de la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron au soir des élections européennes, les députés sortants et candidats ont mené une campagne avec le vent de face. Surtout, la colère n'est jamais retombée à l'égard du président de la République, coupable, selon eux, de les avoir menés dans cette crise. De très nombreux candidats ont ainsi refusé de faire apparaître le visage du chef de l'Etat sur leur propagande électorale ou de mentionner l'étiquette de la majorité présidentielle. Une stratégie qui n'a pas suffi à limiter la casse au niveau national.
Bientôt dans l'opposition ?
S'il est encore trop tôt pour avoir une idée précise de la configuration de l'Assemblée au second tour, notamment dans les triangulaires, où des candidats pourraient se désister, l'alliance menée par le parti présidentiel devrait perdre de très nombreux sièges et donc sa majorité relative au Palais-Bourbon. Si la tendance se confirme au second tour, Renaissance et ses alliés obtiendraient entre 70 à 100 sièges au soir du 7 juillet, selon notre estimation Ipsos-Talan, à prendre avec précaution. Un recul massif du bloc central qui, lors de la XVIe législature, disposait de 169 députés Renaissance, 50 députés MoDem et 31 députés Horizons, soit une force de 250 parlementaires. Certes, loin de la majorité absolue, fixée à 289 députés, et de la période 2017-2022, mais suffisamment pour faire passer des textes en votant avec la gauche ou la droite.
Cette fois, le risque pour le camp présidentiel de se retrouver dans l'opposition est immense. De nombreuses figures macronistes, candidates à ces élections, tentent de conserver leur siège. L'ancienne Première ministre, Elisabeth Borne, arrive en deuxième position (28,93%) derrière le candidat du RN, Nicolas Calbrix (36,26%), dans la 6e circonscription du Calvados. L'actuel Premier ministre, Gabriel Attal, se classe en première position (43,85%) dans la 10e circonscription des Hauts de Seine, devant la candidate du NFP, Cécile Soubelet (35,53%).
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, arrive en tête dans la 10e circonscription du Nord avec 36,03% des suffrages. Il devance de peu le candidat RN, Bastien Verbrugghe (34,31%), tandis que la représentante du NFP, Leslie Mortreux n'a rassemblé que 24,83% des voix. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Ensemble) est arrivée en tête, avec 42,80% des voix, dans une triangulaire dans la 5e circonscription des Yvelines. Sylvain Maillard, ex-président du groupe Renaissance et candidat à sa réélection dans la 1ere circonscription de Paris, décroche la première place (44,70%) face au candidat du NFP, l'avocat Raphaël Kempf (32,09%).
L'ex-ministre Clément Beaune, lui, est éliminé (32,78%) dans la 7e circonscription de Paris, face au candidat du NFP Emmanuel Grégoire qui l'emporte dès le 1er tour avec 50,87% des suffrages.
Des consignes de vote ambiguës pour le second tour
Le camp présidentiel va désormais devoir se réunir pour trancher sa stratégie de second tour au plus vite. Dans une déclaration à l'AFP, Emmanuel Macron appelle à un "large rassemblement clairement démocrate et républicain" face au RN. Selon le chef de l'Etat, la participation élevée montre une volonté de "clarifier la situation politique". Dans un communiqué, Renaissance ne se montre pas plus précis dans ses consignes de vote. Dans les circonscriptions "où nos candidats sont arrivés en troisième position, nous nous désisterons au profit des candidats en mesure de battre le Rassemblement national et avec qui nous partageons l'essentiel : les valeurs de la République", écrit le parti, appelant "toutes les formations politiques à agir en responsabilité et faire de même".
Si le Premier ministre, Gabriel Attal, a martelé que "pas une voix ne [devait] aller au Rassemblement national", il a, lui aussi, appelé les candidats de la majorité arrivés en troisième position à se désister en faveur d'un "candidat qui défend [comme Ensemble] les valeurs de la République", semblant exclure ceux de La France insoumise. Edouard Philippe s'est montré plus clair. "Je considère qu'aucune voix ne doit se porter sur les candidats du RN, ni sur ceux de La France Insoumise, avec lesquels nous divergeons non pas seulement sur des programmes mais sur des valeurs fondamentales", écrit le président d'Horizons et maire du Havre dans un communiqué.
"Il faudra de la clarté, dimanche soir", insistait pourtant, il y a quelques jours, auprès de franceinfo, un conseiller de l'exécutif, pour qui "la question de l'arc républicain" devait se poser. Si quelques pontes du parti ont fait savoir qu'ils continueraient à appeler à faire barrage au Rassemblement national, même avec un bulletin de vote LFI, à l'image de Clément Beaune, de nombreux autres cadres, mais aussi ministres, ont dit tout au long de la campagne leur refus du camp de l'extrême droite mais aussi de celui de Jean-Luc Mélenchon. "Je n'appellerai à voter ni pour des candidats RN ni pour des candidats LFI, qui ne cherchent pas des électeurs, mais des victimes", avait ainsi déclaré la secrétaire d'Etat Sabrina Agresti-Roubache, sur CNews, le 17 juin.
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