Infographie Résultats du 1er tour des législatives 2024 : à quoi pourrait ressembler la future Assemblée nationale en nombre de sièges ?

D'après notre estimation, le Rassemblement national et ses alliés pourraient se rapprocher de la majorité absolue, fixée à 289 députés, à l'issue du second tour des élections législatives.
Article rédigé par Thibaud Le Meneec
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'hémicycle de l'Assemblée nationale lors de la première session de la 16e législature, le 28 juin 2022, à Paris. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / AFP)

D'un big bang à l'autre. Trois semaines après l'annonce soudaine de la dissolution de l'Assemblée nationale, le premier tour des élections législatives anticipées, dimanche 30 juin, est marqué par une progression inédite du Rassemblement national. Le bloc présidentiel, lui, subit une lourde défaite.

A l'issue du second tour, qui aura lieu dimanche 7 juillet, la composition de l'hémicycle du Palais-Bourbon sera vraisemblablement métamorphosée. Selon une projection Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP, réalisée sur la base des résultats du premier tour, le RN et ses alliés pourraient disposer de 230 à 280 députés, soit bien plus que lors de la précédente législature (88 députés). Dans le détail, cette fourchette est comprise entre 204 et 244 députés pour le Rassemblement national, tandis que les soutiens d'Eric Ciotti pourraient disposer de 26 à 36 élus, soit suffisamment pour bâtir un groupe parlementaire autonome, ce qui requiert au minimum 15 députés.

Alliées, ces deux forces peuvent donc se rapprocher de la majorité absolue, dont le seuil est fixé à 289 sièges. L'enjeu est capital, car franchir cette barre permettrait à l'extrême droite d'être à l'abri d'une censure du gouvernement qu'elle pourrait former à l'issue des législatives. Autrement dit, le RN et ses alliés auraient les mains libres pour gouverner le pays, sans contrepoids parlementaire suffisant pour l'en empêcher. Jordan Bardella, président du RN, a d'ailleurs expliqué qu'il n'accepterait d'être nommé Premier ministre qu'à la condition d'obtenir une majorité absolue.

La France insoumise pourrait perdre des députés

C'est contre cette éventualité que le Nouveau Front populaire (NFP) va ferrailler jusqu'à la fin de la campagne du second tour, vendredi 5 juillet, à minuit. L'alliance des partis de gauche (dont La France insoumise, le Parti socialiste, Les Ecologistes-EELV et le Parti communiste français), arrivée derrière le Rassemblement national et ses alliés en nombre de voix au niveau national, pourrait compter de 125 à 165 députés dans la nouvelle Assemblée nationale.

Chacune des forces qui composent le NFP garderait en revanche un groupe parlementaire distinct. La France insoumise pourrait passer de 75 élus à une estimation comprise entre 58 et 72 députés. Vainqueur de la course à gauche aux européennes, le Parti socialiste disposerait quant à lui d'un nombre de députés compris entre 33 et 43, contre 31 aujourd'hui. La progression apparaît un peu plus forte pour Les Ecologistes : ils pourraient envoyer de 28 à 38 députés dans la nouvelle Assemblée nationale, contre 21 jusqu'à présent. Enfin, les communistes pourraient disposer de six à 12 sièges, mais ils peuvent traditionnellement compter sur des élus ultramarins pour constituer un groupe. Hors Nouveau Front populaire, les candidats divers gauche pourraient remporter entre 11 et 19 circonscriptions.

Le camp présidentiel dos au mur

La majorité présidentielle sortante, qui comptait 250 élus jusqu'au 9 juin, pourrait connaître un revers retentissant et se limiter à un contingent compris entre 70 et 100 députés. Toutes ses composantes reculeraient, si les projections se confirmaient : Renaissance verrait son groupe passer de 169 députés à une fourchette comprise entre 53 et 71. Le MoDem, fort de 50 élus, connaîtrait lui aussi une nette diminution, avec un futur groupe compris entre 13 et 19 élus. Enfin, Horizons, le parti d'Edouard Philippe, qui comptait 31 députés, en obtiendrait de quatre à dix, selon cette estimation.

Les Républicains enverraient, eux, entre 41 et 61 élus dans l'Hémicycle, ce qui représenterait une stagnation voire un recul par rapport à la législature de 2022 à 2024, lorsqu'ils étaient 61 à exercer ce mandat. Le parti de droite a connu ces trois dernières semaines une crise interne, après l'alliance de son président Eric Ciotti avec le Rassemblement national. La majorité des cadres ont condamné ce choix et l'ont contesté jusqu'en justice, ce qui a perturbé la campagne du parti. Enfin, entre 22 et 30 sièges pourraient être remportés par des candidats d'autres forces politiques, selon cette estimation.

Des projections à prendre avec précaution

Les projections en sièges sont toutefois à prendre avec une grande prudence. Il faut tout d'abord avoir en tête que 577 scrutins différents ont lieu, avec pour chacun d'entre eux des dynamiques particulières à considérer. C'est la raison pour laquelle les instituts de sondages fournissent des fourchettes de sièges et non des estimations avec un nombre précis, pour limiter au maximum les erreurs. En 2022, les projections communiquées le soir du premier tour des élections législatives avaient sous-estimé le nombre de députés RN qui pourraient être élus au second tour, et surestimé la majorité dont disposerait le camp présidentiel.

La campagne du second tour peut aussi bouleverser l'issue du vote dans de nombreuses circonscriptions. Avec une participation en hausse, à 65,8%, selon notre estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP, le nombre de triangulaires a explosé, avec 285 à 315 circonscriptions concernées, mais des désistements sont possibles chez les candidats en position de se maintenir (c'est-à-dire ayant reçu les votes de plus de 12,5% des inscrits). La date limite du dépôt des candidatures pour le second tour est fixée à mardi, 18 heures.

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