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Édito
Législatives 2024 : le RN met la pression sur Emmanuel Macron pour entretenir l'hypothèse d'une démission en cas d'absence de majorité
Emmanuel Macron l’a répété à plusieurs reprises : quel que soit le résultat des élections législatives, il continuera d’assumer ses fonctions à l’Élysée jusqu’au terme de son mandat en mai 2027. Pas question de démissionner avant, même en cas de lourde défaite le 7 juillet. Emmanuel Macron l’a redit dans la lettre qu’il a adressée aux Français lundi 24 juin. Le chef de l’État est protégé par les institutions, et à l’Élysée on répète qu’il assumera ses responsabilités et ne désertera pas dans une période aussi troublée. En écho, Gabriel Attal répète de son côté qu’il ne s’agit pas d’une élection présidentielle et que l’enjeu du scrutin, c’est le choix d’un Premier ministre. Dans sa lettre, Emmanuel Macron promet d’ailleurs de continuer à "agir" jusqu’au printemps 2027 "en protecteur à chaque instant de notre République, et de nos valeurs."
Pourquoi éprouve-t-il le besoin de le répéter ? D’abord, parce qu’il a le maigre espoir que cette affirmation démobilise un peu ses opposants et atténue l’ampleur du vote anti-Macron. À quoi bon aller voter contre le chef de l’État aux législatives puisqu’il restera encore en place près de trois ans ? Mais il cherche surtout à se protéger de la pression qu’il risque de subir au lendemain des législatives. Marine Le Pen a déjà prévenu, elle réclamera la démission du Président en cas de "blocage politique", dit-elle, c’est-à-dire s’il n’y a pas de majorité claire à l’Assemblée nationale. C’est la raison pour laquelle Jordan Bardella a annoncé qu’il refuserait Matignon s’il n’obtient qu’une majorité relative. Un "refus d’obstacle", selon l’expression de Gabriel Attal, avec l’espoir de bloquer le fonctionnement du Parlement. Le parti d’extrême droite veut resserrer son étreinte autour de l’Élysée au risque de paraître un peu pressé de prendre le pouvoir suprême et de donner l’impression d’esquisser comme un coup de force.
Des précédents de cohabitation sous la Ve République
Il n'y a pas de raison pour Emmanuel Macron de céder à cette pression. La Constitution le protège et la France a déjà connu trois cohabitations, c’est-à-dire que par trois fois, le Président a achevé son mandat après avoir été désavoué dans les urnes lors des législatives. Logiquement, il n’y a donc aucune raison qu’Emmanuel Macron démissionne avant le terme de son mandat. Sauf qu’il n’y avait pas beaucoup de logique non plus à ce qu’il dissolve l’Assemblée au soir de la débâcle des Européennes. En le décidant, après avoir répété pendant des semaines qu’il ne tirerait aucun conséquence nationale de ce scrutin, le chef de l’État a aussi créé une incertitude sur ses réactions à venir.
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