Édito
Législatives partielles en Isère : l'échec de la candidature de Lucie Castets, symbole de l'impossible union à gauche

La candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon, Lucie Castets, ne se présentera finalement pas à l'élection législative partielle dans l'Isère. Elle ne souhaitait pas siéger au sein du groupe LFI à l'Assemblée, condition non négociable pour que le parti de Jean-Luc Mélenchon lui accorde l'investiture.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Lucie Castets, candidate de la coalition de gauche du NPF au poste de Premier ministre lors du campus du Parti socialiste (PS) à Blois, le 30 août 2024. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Pressentie, Lucie Castets a finalement renoncé à être candidate à une élection législative partielle qui doit se tenir dans la première circonscription de l’Isère. Tout ça, par la faute des "bourrins", des mots de Marine Tondelier. La secrétaire nationale des Verts a dénoncé, dimanche 20 octobre, les "méthodes de bourrins", qui ont découragé Lucie Castets. Les "bourrins" en question, ce sont d’abord les Insoumis qui étaient prêts à soutenir l’ex-candidate du Nouveau Front Populaire à Matignon, si elle s’engageait à siéger au sein du groupe LFI en cas de victoire. Au nom de la continuité puisque cette élection partielle doit pourvoir au remplacement d’un député insoumis, Hugo Prévost, contraint de démissionner pour cause d’accusation d’agression sexuelle. 

En fait, ce désaccord illustre parfaitement les non-dits du Nouveau Front Populaire, et la défiance qui règne entre les partis de gauche. Tous jurent la main sur le cœur être unitaires pour deux, mais chacun se méfie de l’autre et rêve de supplanter son petit camarade. À commencer par Jean-Luc Mélenchon. Il prétendait être "à la disposition" de la candidature de Lucie Castets, à condition, donc, qu’elle rejoigne son écurie. Impensable pour celle qui se veut "un trait d’union à gauche". De leur côté, les socialistes se sont dépêchés de désigner leur propre candidate avec l’espoir de piquer la circonscription aux Insoumis, mais sans oser rompre franchement avec Jean-Luc Mélenchon. C’est d’ailleurs le cœur du conflit que devra trancher le prochain congrès du PS en 2025 : ses opposants internes accusent Olivier Faure d’avoir inféodé le PS aux insoumis.

Des querelles d’appareil 

À gauche, Jean-Luc Mélenchon continue de donner le ton. C’est ce que montre l’échec de cette candidature Castets à Grenoble. Il illustre aussi à quel point la gauche se perd dans des querelles d’appareil et des règlements de comptes incompréhensibles pour la grande majorité des électeurs, pendant que le bloc central macroniste, la droite et le RN s’affrontent sur des sujets plus proches des préoccupations des Français, comme l’immigration, les finances publiques, ou la sécurité.

Enfin, quand on constate que la gauche n’est pas capable de s’accorder pour soutenir la candidature législative de Lucie Castets, on se demande combien de temps aurait duré un gouvernement dirigé par la même Lucie Castets. À moins que les partis du Nouveau Front populaire ne l’aient soutenue cet été pour Matignon que parce qu’ils savaient qu’il n’y avait aucune chance qu’elle y soit nommée.

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