Édito
Menace de motion de censure : Michel Barnier joue la carte "des Français" face au chaos politique

Michel Barnier a estimé mardi sur TF1 que le "moment" était "très grave" sur le plan budgétaire. Il a mis en garde contre des "turbulences graves sur les marchés financiers" en cas de censure de son gouvernement.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le Premier ministre Michel Barnier au journal télévisé deTF1 dans les studios de Boulogne-Billancourt, le 26 novembre 2024. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Pour desserrer l’étau de la motion de censure, Michel Barnier tente donc de prendre à témoin l’opinion. Il dégaine la seule carte qui lui reste : "Les Français" contre le "microcosme parisien". Le chef du gouvernement se range résolument du côté des premiers, ces Français qui veulent, selon lui, de la "stabilité" et de "l’action", plutôt que "la glose" des états-majors partisans qui jouent aux apprentis sorciers. En fait, Michel Barnier s’adresse à la fameuse majorité silencieuse, celle qui veut de l’ordre et penche à droite. Il tente de l’opposer aux groupes politiques qui veulent le censurer au Parlement au détriment, selon lui, de l’intérêt du pays. 

Il vise, sans jamais la citer, Marine Le Pen. Le Premier ministre s’efforce de la mettre en porte-à-faux avec son électorat. Avec sa base d’abord, mais surtout avec ces électeurs de droite qui lui manquent encore pour accéder au pouvoir. Pour tenter de les séduire, la cheffe de file de l’extrême droite affecte un profil rassurant, mise sur la notabilisation et exige de ses troupes à l’Assemblée de jouer aux premiers de la classe depuis deux ans et demi.

Des mesures repoussées 

En agitant la menace du blocage, et même du chaos politique en cas de chute de son gouvernement, Michel Barnier renvoie Marine Le Pen dans le camp des semeurs de désordre. Ceux qui font passer leurs intérêts partisans avant ceux des Français, par exemple, dans son propos, ceux de ces agriculteurs mobilisés de nouveau qui exigent des mesures urgentes et devraient patienter encore pendant des mois si son gouvernement tombe. Ou de ces électeurs qui attendent du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, une nouvelle loi contre "l’immigration illégale".

Cette tactique risque de ne pas fonctionner. Pour dissuader le RN de voter la censure, Michel Barnier est condamné à leur faire des concessions significatives. Mardi 26 novembre, au journal de 20h de TF1, il n’a fait que rouvrir le chantier de la proportionnelle, en promettant un débat au printemps à l’issue d’un "travail" du politologue Pascal Perrineau. Pour le reste, il n’avait rien dans sa hotte. Michel Barnier n’est pas le père Noël. Il s’applique à faire payer par avance à Marine Le Pen le coût politique de la censure. Mais il a aussi rappelé à quel point, dès sa nomination, avec une "dette incroyable", un "déficit record", une absence de majorité, et 15 jours pour boucler le budget, sa mission était quasi impossible. Elle est devenue sacrificielle.

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