Édito
Olivier Dussopt relaxé : Emmanuel Macron a-t-il raison de s'arc-bouter sur la présomption d'innocence de ses ministres mis en examen ?

L'ancien ministre du Travail a été relaxé, jeudi, quelques semaines après le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti. Deux relaxes qui confortent Emmanuel Macron dans sa volonté de placer le principe de présomption d’innocence au-dessus de tous les autres.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Le président de la République Emmanuel Macron (à gauche) et le ministre du Travail Olivier Dussopt (à droite) à l'Elysée, le 18 avril 2023. (STEPHANIE LECOCQ / POOL)

Olivier Dussopt était jugé pour des soupçons de favoritisme dans un marché de distribution d’eau conclu en 2009 alors qu’il était maire d’Annonay, en Ardèche. Le Parquet national financier avait requis six mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende. La procédure a duré trois ans et demi et il a donc été relaxé, jeudi 17 janvier, par le tribunal correctionnel de Paris.

Olivier Dussopt s’est dit "heureux" que son "innocence" soit "reconnue" et que "justice lui ait été rendue". C’est le deuxième ministre à être blanchi par la justice en quelques semaines. Fin novembre, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti avait été relaxé par la Cour de justice de la République de soupçons de prise illégale d’intérêt. Il avait été accusé d’avoir profité de ses fonctions ministérielles pour diligenter des poursuites administratives à l’encontre de magistrats avec lesquels il était en conflit.

Emmanuel Macron a maintenu en fonction ces deux ministres tout au long des procédures judiciaires. Et les deux relaxes rendues par la justice vont conforter le chef de l’État dans sa volonté de placer le principe de présomption d’innocence au-dessus de tous les autres.

La nouvelle ministre de la Culture, elle aussi, mise en examen

Emmanuel Macron a brandi le principe de présomption d'innocence, une fois encore, mardi soir, lors de sa conférence de presse pour justifier la nomination de Rachida Dati au poste de ministre de la Culture, malgré sa mise en examen pour "corruption passive" dans l’affaire Renault. Et il l’a justifiée par la disparition des instructions individuelles de la Chancellerie qui a renforcé l’indépendance du Parquet. Pas question donc pour Emmanuel Macron de déroger à cet impératif, lui qui répète que la justice doit se rendre dans les tribunaux et pas dans les médias ou sur les réseaux sociaux.

C’est tout de même une prise de risque politique de s’appuyer sur des ministres mis en examen. Emmanuel Macron pourrait le mesurer d’ici quelques semaines, si Rachida Dati est renvoyée en correctionnelle. La ministre de la Culture est une forte tête qui ne prend pas de gants pour se défendre. Un électron libre comme elle l’a montré, mercredi encore, en confirmant, à peine nommée rue de Valois, sa candidature aux municipales Paris. Ce choix d’Emmanuel Macron peut tendre un peu plus les relations entre les politiques et les magistrats. C’est un calcul politique risqué, mais qui peut aussi être payant au vu de l’impopularité des juges dans l’opinion.

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