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Édito
Rébellion en Russie : la grande prudence de l'Europe après la tentative avortée d'Evguéni Prigojine
À l'unisson : tous les chefs d'Etats européens ont fait preuve d’une grande prudence, ce week-end après le coup de force du chef de la milice Wagner, qui entendait faire trembler les murs du Kremlin, à Moscou. D’abord tout au long de la journée à rebondissements de samedi, Emmanuel Macron a suivi les événements "heure par heure", assure-t-on, et en liaison étroite avec ses partenaires européens.
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Les téléphones n’ont cessé de chauffer en particulier entre Paris, Bruxelles et Berlin. Mais la déstabilisation de Poutine ne leur a guère inspiré de commentaires publics. Et puis prudence, toujours, après le revirement de Prigojine. "La situation reste évolutive", souligne ainsi le chef de l’Etat dans une interview publiée ce matin par le quotidien La Provence. Emmanuel Macron se réjouit des "divisions au sein du camp russe", il souligne "la fragilité" de l’armée de Vladimir Poutine, comme de la milice Wagner. Mais il appelle à la "vigilance". Et il se contente de voir dans ces dissensions russes une justification supplémentaire de soutenir pleinement les Ukrainiens.
Pourquoi cette prudence européenne ?
Pour expliquer cette prudence européenne, il y a d'abord l’effet de surprise. La tension croissante entre Prigojine et l’état-major de l’armée russe était connue, mais les chancelleries occidentales n’avaient pas anticipé une telle crise. La preuve, vendredi matin, sur franceinfo, Emmanuel Macron qualifiait la Russie de "puissance coloniale" qui mène une "guerre d’Empire" en Ukraine, et il accusait le régime de Poutine de déstabiliser l’Afrique grâce à l’appui de la milice Wagner qui "multiplie les exactions sur les populations civiles".
Et c’est là, la deuxième raison, de fond, de la prudence occidentale. L’affrontement de ce week-end en Russie n’opposait pas un gentil contre un méchant. Les Européens aimeraient bien se débarrasser de Poutine, mais voir Prigojine lui succéder au pouvoir n’aurait vraiment rien eu de rassurant.
Des réactions occidentales plus fortes auraient-elles servi les Ukrainiens ?
Pas forcément. Considérer le duel Poutine-Prigojine comme une affaire interne à la Russie, c’était aussi une façon pour les Européens d’éviter que le maître du Kremlin ne dénonce une manipulation occidentale derrière la rébellion de Wagner.
Poutine n’a pas eu l’occasion d’attiser le complotisme anti-occidental dont il est si friand pour attiser le nationalisme russe. Au plus fort d’une crise, il y a aussi des moments où la diplomatie du silence peut être utile.
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