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Édito
Réforme des retraites : pourquoi l'Elysée songe à une réforme des institutions
Emmanuel Macron a hâte d’enjamber cet épisode tumultueux des retraites, de passer à autre chose. L’exécutif phosphore donc sur de nombreux chantiers, l’emploi, l’immigration, et voilà que ressort des cartons l’idée de réformer les institutions. Dans ce but, le chef de l’Etat a même consulté récemment ses deux prédécesseurs, celui qu’il a conquis, Nicolas Sarkozy qu’il voit souvent, et… celui qu’il a trahi, François Hollande, qu’il snobe depuis six ans.
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Alors, sur quoi pourrait porter cette réforme ? À ce stade, tout est ouvert. Introduction d’une dose de proportionnelle, réduction de la taille des régions, autorisation de cumuler les mandats pour les maires des petite villes, et bien d’autres choses, comme souvent avec Emmanuel Macron, on ne sait pas encore où il veut atterrir.
Un triple intérêt
Pour l’Élysée, ce sujet des institutions a un triple intérêt. D’abord, il est supposé être plus consensuel que les retraites ou l’immigration. Ensuite, il relève typiquement du chef de l’Etat, surtout pour un second mandat à l’issue duquel il ne pourra pas se représenter. Il s’agit donc de laisser un héritage institutionnel. Et puis, Emmanuel Macron veut en faire une réponse à la crise démocratique qui s’aggrave, du mouvement des gilets jaunes au blocage sur les retraites, en passant par les records d’abstention battus à chaque élection.
Sauf que le sujet n’intéresse guère l’opinion… Tous les gouvernants se sont heurtés à cette indifférence. Les institutions, ça passionne les juristes, ça excite les politiques, un peu moins les journalistes, et pas du tout les Français. Surtout en période de forte inflation où ils sont d’abord préoccupés par leur pouvoir d’achat. Dans l’opposition, les incantations à la VIème République de Jean-Luc Mélenchon n’ont pas davantage de succès. Pire, depuis 25 ans, toutes les réformes institutionnelles du quinquennat à l’interdiction du cumul des mandats ont eu pour but de combler le fossé entre les élus et leurs électeurs. Et ce fossé n’a pas cessé de se creuser. Sans doute parce qu’il ne suffit pas de changer les règles du jeu démocratique pour que les Français retrouvent confiance en la politique.
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