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Édito
Remaniement : et si c'était Gérald Darmanin ?
Il y a un nom qui revient avec insistance pour remplacer Élisabeth Borne, et c'est le sien. Gérald Darmanin a marqué des points dans cette séquence sur les violences après la mort de Nahel : lui, le "premier flic de France" a su tenir l’équilibre entre compassion pour la victime et soutien aux policiers, tout en incarnant l’ordre, revenu au bout de quelques nuits…
Mais au-delà de sa gestion de crise, la force de Gérald Darmanin pour Emmanuel Macron, c’est qu’il a les pieds dans le réel, loin de l’image du macroniste déconnecté. Il connaît les gens, les quartiers, la vie aussi, lui, le fils d’une femme de ménage. Et il se targue, surtout, de faire de la politique. Plusieurs mois avant les "gilets jaunes", l’ex-maire de Tourcoing prévenait déjà : "Ne touchez pas à la voiture". Ses analyses ont souvent fait mouche auprès du président.
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Mais Gérald Darmanin a aussi ses faiblesses. Et d’abord, il y a la question de l’image. Gérald Darmanin est un homme clivant. Lui, l’ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy, à Matignon ? Le signal droitier susciterait des cris d’orfraie à gauche, et crisperait au sein même d’une majorité élue sur le dépassement. Certains ministres sont d’ailleurs en train de se demander s’ils resteraient sous sa bannière au gouvernement.
En orbite pour 2027 ?
Tout aussi problématique, le ministre de l’Intérieur pourrait aussi braquer à droite : pour nombre d’élus LR, Gérald Darmanin est un traître parti chez l’ennemi. Mais son plus gros défaut, pour un proche du président, c’est "son ambition qui transparaît un peu trop", comme son offensive en règle pour Matignon qui se retrouve en une de Libération. Rien de mieux pour freiner Emmanuel Macron, selon lui.
Alors, peut-on vraiment parler de favori pour remplacer Élisabeth Borne ? Ça, peut-être que même le président ne le sait pas encore. Et Emmanuel Macron pourrait-il partager la lumière avec Gérald Darmanin ? Rien n’est moins sûr, lui, qui a toujours jeté son dévolu sur des personnalités discrètes. Enfin, quel intérêt de le nommer s’il n’apporte pas d’élus LR ?
Maintenant, Gérald Darmanin a de sérieux atouts dans la période : la sortie de crise se fera par la droite, tout en étant mâtinée de bon sens et d’égalité des chances à travers l’école : l’hôte de Beauvau et sa droite populaire incarneraient parfaitement ces priorités. il faut aussi mesurer le poids du ministre dans un gouvernement criant de faiblesses. "Il va menacer de partir s’il n’a pas ce qu’il convoite", grincent certains. Mais Emmanuel Macron a une dernière question à trancher : acceptera-t-il de mettre sur orbite un potentiel candidat pour 2027 ? Dans le choix pour Matignon, c'est aussi la succession du président qui se joue.
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