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Édito
Retraites : pourquoi cette réforme ressemble de plus en plus à un "crash test" pour la majorité

La journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites prévue demain est un test important pour Emmanuel Macron ? L'édito de Renaud Dély.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron à l'Élysée, le 11 janvier 2023.  (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Officiellement, le chef de l’Etat se veut "serein". Même si la mobilisation est forte, il ne croit pas au blocage durable et à terme, à la victoire de ce qu’il appelle "le camp de l’irresponsabilité", c’est-à-dire de ceux qui défendent le système par répartition sans dire comment le financer. Emmanuel Macron aime à répéter qu’il a reçu un "mandat clair" de réformer les retraites durant la campagne présidentielle. Parce qu’il ne peut pas se représenter pour un troisième mandat, il agirait même désormais de façon désintéressée, sans aucune préoccupation électoraliste pour l’avenir. Ce qui pourrait d’ailleurs le mettre parfois en porte-à-faux avec ses propres soutiens.

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Car dans la majorité, d’autres ont des échéances électorales en tête, la présidentielle de 2027 et la préparation de l’après-Macron : le patron du Modem, François Bayrou, qui réclame une contribution des entreprises sous la forme d’une hausse même symbolique des cotisations. L’ancien Premier ministre Edouard Philippe, qui s’est rallié du bout des lèvres au report de l’âge légal à 64 ans. Mais aussi Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, qui joue volontiers sa propre partition, ou encore son collègue de  l’Intérieur, Gérald Darmanin qui cultive un sillon plus populaire. Sans compter les lézardes qui pourraient apparaître au fil des débats parlementaires au sein de l’aile gauche de Renaissance où certains députés souhaitent des aménagements pour adoucir la réforme, par exemple pour les carrières longues ou l’emploi des séniors.   

Cette réforme est donc aussi un test pour la majorité. Même un "crash test" ! En se heurtant au mur de la contestation, syndicale et politique, la majorité passe une sorte de crash-test pour sa solidité et sa longévité. Et de l’issue de ce test dépend la suite du quinquennat. A l’Elysée, on se rassure volontiers en rappelant que paradoxalement, les majorités les plus courtes sont souvent les plus solides. Celle-ci n’est que relative, elle ne peut donc se permettre le luxe de tolérer des frondeurs dont "l’irresponsabilité", on y revient, risquerait de la faire tomber. Et de provoquer une dissolution.

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