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Grève contre la réforme des retraites : transports, écoles, hôpitaux, stations-service... On fait le point sur les perturbations prévues jeudi

Les transports en commun et les écoles vont être particulièrement touchés jeudi par la journée de mobilisation nationale contre le projet de réforme des retraites du gouvernement.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des usagers de la RATP dans un couloir du métro parisien lors des grèves du mois de décembre 2019. (MARTIN BUREAU / AFP)

La mobilisation s'annonce quasi générale. Le mouvement de grève nationale lancé par l'intersyndicale devrait être très suivi, jeudi 19 janvier, pour protester contre le projet de réforme des retraites voulue par le gouvernement. L'ensemble de la gauche a appelé à rejoindre la mobilisation. Plus de 200 points de rassemblements ont déjà été répertoriés dans toute la France, selon la CGT.

"Ce sera une très, très forte mobilisation", a promis dimanche sur France 3 le leader du syndicat, Philippe Martinez. Dans Le Journal du dimanche, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a lui exhorté "un million" de Français "à déferler dans la rue" jeudi. "Il faut qu'il y ait un maximum de personnes", a encore martelé lundi sur franceinfo le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Franceinfo fait le tour des perturbations prévues lors de cette journée de mobilisation, secteur par secteur.

Dans les transports en commun

Jeudi noir en perspective dans les transports en commun. Les perturbations vont être particulièrement importantes en Ile-de-France, les syndicats des transports parisiens étant d'autant plus remontés que le gouvernement veut supprimer, à terme, leur régime spécial de retraite, comme il l'a déjà fait pour les cheminots. Tous appellent à une journée "zéro transport".

Du côté de la RATP, le mouvement de grève commencera jeudi en début de service (aux alentours de 5h30) et se terminera en fin de service (soit vendredi vers 1 heure du matin).

Trois lignes de métro seront totalement fermées (8, 10, 11) et dix autres seront "exploitées partiellement" ou ne fonctionneront qu'aux heures de pointe, a annoncé la RATP. Les lignes 2, 3, 3bis, 5, 6, 7, 7bis, 9, 12 et 13 seront ouvertes uniquement aux heures de pointe et, pour certaines, exploitées partiellement. La RATP a détaillé, mercredi, ligne par ligne, les stations fermées. La liste est consultable sur ce document PDF. Seules les lignes 1 et la 14, automatisées, circuleront normalement.

Le trafic du RER A sera également fortement perturbé (un train sur deux aux heures de pointe, un sur quatre en heures creuses), tout comme la partie sud du RER B, exploitée par la RATP (un train sur deux aux heures de pointe, un sur trois en heures creuses). Pour le RER A, "les horaires des premiers départs se situeront vers 5h35. En fin de service, le dernier passage à Châtelet est prévu vers 21 heures", précise la RATP. Toutefois, "les horaires précis d'ouverture et de fermeture des gares seront affichés localement". Pour le RER B, "le dernier passage à Châtelet est prévu vers 21h50", précise la RATP. "Les horaires précis d'ouverture et de fermeture des gares seront affichés localement."

Les bus seront eux moins touchés (deux sur trois rouleront à Paris et en petite couronne), selon les prévisions de la régie parisienne. Enfin, le trafic sera légèrement perturbé pour les tramways, avec trois rames sur quatre en moyenne.

Les transports en commun seront aussi perturbés dans de nombreuses autres villes. Ce sera le cas à Lyon, où un préavis regroupant les principaux syndicats des TCL a été déposé, explique Lyon Capitale. A Nice, toutes les lignes de tramways et de nombreuses liaisons de bus devraient être à l'arrêt, selon Nice Presse. La circulation des métros et des bus devrait également être sensiblement perturbée à Rouen, note Actu Normandie.

A la SNCF

La circulation des trains sera "très fortement perturbée", notamment pour les trains régionaux (TER et Transilien), mais aussi pour les TGV, prévient SNCF Voyageurs. L'entreprise ferroviaire a communiqué ses prévisions en détail, réseau par réseau. Il faudra compter un TGV sur trois sur l'axe Nord, un TGV sur quatre sur l'axe Est, un TGV sur cinq sur l'axe Atlantique, un TGV sur trois sur l'axe Sud-Est, et un Ouigo sur trois à l'échelle nationale.

Sur le réseau régional, un TER sur dix sera en circulation. Du côté des Intercités, il n'y aura aucune circulation de jour comme de nuit. Seul un train Paris-Clermont circulera. A l'international, le trafic des Lyria entre la France à la Suisse sera grandement perturbé.

A la SNCF, le préavis de grève déposé court de mercredi à 19 heures jusqu'à vendredi à 8 heures.

Dans les aéroports

Dans les airs, la journée s'annonce moins chaotique que sur les rails, mais devrait tout de même être perturbée. Ni le syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, ni les syndicats de pilotes n'appellent à la grève, relève le média spécialisé Air Journal. Mais des appels à la mobilisation ont tout de même été relayés par plusieurs organisations professionnelles. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) écrit notamment dans un communiqué publié mardi après-midi que le préavis de grève nationale interprofessionnelle dans le public comme dans le privé "a été relayé par plusieurs syndicats représentatifs des contrôleurs aériens". En effet, les syndicats UNPNC-CFDT et SNPNC-FO ont appelé à la grève, tout comme le syndicat UGICT-CGT chez Air France.

En conséquence, la DGAC demande aux compagnies aériennes d'annuler préventivement un vol sur cinq à l'aéroport parisien d'Orly jeudi. "Les compagnies aériennes doivent réduire de 20% leur programme de vols initialement prévus à l'aéroport de Paris-Orly de 5 heures à 22h30 le 19 janvier", stipule une notice pour les missions aériennes relayée par la DGAC. Elle ajoute qu'"en dépit de ces mesures préventives, des perturbations et des retards sont à prévoir".

Enfin, la DGAC précise qu'elle "appliquera les dispositions du service minimum dans les centres en route de la navigation aérienne (CRNA) et dans les services de navigation aérienne des aéroports où les dispositions réglementaires le permettent".

A l'école

De très nombreuses classes seront fermées jeudi. Le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, a prévu mardi que 70% des enseignants du premier degré (écoles maternelles, élémentaires et primaires) seraient grévistes jeudi. "Ce chiffre de 70% de grévistes n'est pas une surprise, car on sent que la question de la retraite est une préoccupation majeure pour les enseignants", a commenté auprès de l'AFP Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du Snuipp-FSU.

Contrairement aux professeurs des écoles, les enseignants des collèges et lycées n'ont pas l'obligation de se déclarer grévistes 48 heures à l'avance. Les prévisions des perturbations dans les établissements du secondaire seront donc connues plus tardivement. Des blocages d'établissements sont également à prévoir, en raison de l'appel à la grève de plusieurs mouvements lycéens (Fidl, MNL, VL).

A l'hôpital

Les perturbations sont très difficiles à prévoir à l'hôpital public. Plusieurs organisations, dont le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), ont appelé à rejoindre le mouvement de grève du 19 janvier. Mais de nombreux professionnels de santé continuent de travailler lors de ces journées de mobilisation, à moins qu'ils ne puissent pas se rendre sur leur lieu de travail en raison des perturbations dans les transports.

Dans les raffineries

Le scénario d'un mouvement reconductible se dessine dans le secteur de l'énergie. Dans les raffineries, des préavis d'un arrêt de travail de 24 heures ont été déposés jeudi, puis de 48 heures la semaine prochaine et 72 heures début février. Au dépôt TotalEnergies de Dunkerque, "les salariés sont très remontés" contre la réforme, affirme le secrétaire CGT Benjamin Salvino, qui table sur une activité presque à l'arrêt jeudi, mais sans conséquence immédiate dans les stations-service.

Les stations à sec sont un peu plus nombreuses que d'ordinaire en ce début de semaine, signe de l'inquiétude de certains automobilistes face à une possible pénurie. "Il ne faut pas prendre de mesures de précaution", car il n'y a actuellement aucun blocage, a insisté mardi sur France 2 le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune.

Le délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C), Frédéric Plan, se veut rassurant, et a assuré mardi sur franceinfo qu'il n'y "a pas de prévision de difficultés logistiques" dans les stations-service pour l'instant. Il appelle également les automobilistes à ne pas se ruer dans les stations par précaution. "N'allez pas créer de problème là où il n'y en a pas", martèle-t-il.

Dans le secteur de l'électricité et du gaz

En pleine crise énergétique, l'acheminement de l'électricité et du gaz pourrait connaître quelques perturbations à partir de jeudi. La CGT Mines-Energie a présenté vendredi dernier un "plan de bataille" pour obtenir le "retrait pur et simple" du projet du gouvernement. Ce plan prévoit une "reprise en main de l'outil de travail sous toutes ces formes" : rétablissements de l'électricité et du gaz aux personnes précaires, mises à disposition gratuites d'énergie, coupures de courant ciblées, baisses de production, ou encore blocage du redémarrage de réacteurs nucléaires.

Dans la fonction publique

L'intersyndicale de la fonction publique a appelé tous les agents à se mobiliser contre une réforme des retraites jugée "injuste et inutile", notamment en participant "massivement" à la journée de grève. Dans un rare communiqué commun, les huit organisations syndicales représentatives (CGT, FO, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC et FA-FP), "exigent du gouvernement le retrait de son projet de reporter l'âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans et d'augmenter la durée de cotisation".

Chez les policiers

Tous les syndicats de police participeront avec leur centrale syndicale respective à la manifestation unitaire prévue jeudi à Paris pour s'opposer à la réforme des retraites, a appris l'AFP auprès de chacun d'eux. Le bloc syndical majoritaire (13 syndicats de policiers et personnels techniques, scientifiques et administratifs) conduit par Alliance-CFE-CGC et Unsa police a appelé à la participation à la manifestation avec comme slogan : "On ne touche pas au statut spécial des policiers". Les autres syndicats défileront sous la bannière de leur centrale.

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