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Édito
Sylvie Retailleau ou les limites de la rébellion au sein de la majorité présidentielle
Sylvie Retailleau est fâchée d’une disposition de la loi Immigration, celle qui exige le dépôt d’une caution par les étudiants étrangers. Mais il a suffi d’une conversation avec Emmanuel Macron pour qu’elle renonce à claquer la porte du gouvernement. Le chef de l’État lui a promis de corriger cette "mauvaise idée". Un épisode rapporté par l’entourage de la ministre elle-même, qui illustre les limites de la rébellion interne à la majorité.
Mardi soir, les ministres de gauche s’étaient retrouvés à la hâte pour agiter la menace d’une démission collective. Le lendemain, un seul est passé à l’acte, Aurélien Rousseau. Les autres se sont terrés dans le silence, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, assurant même qu’elle n’avait jamais songé à démissionner.
Remaniement d'ampleur en vue ?
Est-ce que ça veut dire qu’Emmanuel Macron a jugulé la crise ? Pas forcément, mais disons qu’une fois l’émotion passée, les rebelles hésitent. La plupart doivent politiquement tout ou presque au chef de l’État. Aucun retour en arrière vers leur parti d’origine, le PS, n’est imaginable, et on ne peut pas dire que ce parti soit attractif. Que deviendrait par exemple l’ambitieux ministre des Transports Clément Beaune, qui rêve de la mairie de Paris en 2026, s’il quitte le gouvernement ? Et puis plusieurs ministres s’accrochent à l’avis du Conseil constitutionnel, attendu début janvier, pour voir disparaître certaines des mesures les plus urticantes, un horizon que leur fait d’ailleurs miroiter Emmanuel Macron lui-même. À l’Elysée, après la performance télévisuelle du président mercredi soir, on mise plutôt sur un retour au calme.
Cet apaisement sera-t-il durable ? Pas forcément. D’abord parce que les spéculations sur un remaniement gouvernemental d’ampleur début janvier repartent de plus belle. Une nouvelle équipe qui sera peut-être délestée de ces vrais-faux rebelles issus de la gauche qui n’ont jamais vraiment réussi à peser politiquement. Mais pour l’exécutif, la principale inquiétude réside du côté de l’Assemblée. Avec des oppositions chauffées à blanc, la Nupes et le Rassemblement national bien sûr, mais aussi, désormais, les Républicains ressuscités par la loi immigration, et une majorité relative et de plus en plus fragmentée par l’apparition de frondeurs, c’est bien là que se joue l’avenir de ce quinquennat chaotique.
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