Édito
Victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine : un nouvel avertissement pour les démocraties occidentales

Donald Trump a donc été élu mercredi 47e président des États-Unis. Au-delà du come-back saisissant du milliardaire, c'est aussi une illustration de l'incapacité des dirigeants politiques à faire barrage au populisme.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Donald Trump s'adresse à ses supporters au Convention center de Palm Beach, le 6 novembre 2024. (CRISTOBAL HERRERA-ULASHKEVICH / EPA)

Le succès de Donald Trump, mercredi 6 novembre, sonne comme un avertissement pour les démocraties occidentales. À part pour Vladimir Poutine, Benyamin Nétanyahou et Viktor Orban, qui en rêvaient, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, c’était le cauchemar de la plupart des leaders des démocraties occidentales. Il est devenu réalité.

Ce come-back illustre la remise en cause de notre modèle démocratique par une part croissante d’électeurs qui cèdent à l’attrait de leaders forts et populistes. Même quand ceux-ci ont contesté la règle commune, celle de l’élection, comme l’a fait Donald Trump lors de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Il y a dans ce résultat de nombreuses spécificités liées à la vie politique américaine, mais on doit aussi relever des points communs évidents avec l’évolution de nos sociétés de ce côté-ci de l’Atlantique. 

Il existe une double fracture de plus en plus profonde, territoriale d’abord, entre les grandes agglomérations d’un côté et les zones rurales et villes petites et moyennes de l’autre ; fracture sociologique ensuite, entre les élites, intellectuelles, culturelles, et les diplômés d’un côté, et les classes populaires et sans diplôme de l’autre qui ont tourné le dos à la gauche. Le naufrage de Kamala Harris illustre l’impuissance des progressistes à résorber ces fractures et donc à combattre le populisme. Plutôt que de répondre aux attentes sociales et identitaires des classes populaires qui se sentent abandonnées par le sommet, cette gauche découpe la société en tranches et verse dans une approche communautariste. Elle y ajoute parfois un soupçon de condescendance par exemple en traitant l’adversaire de "fasciste", comme l’a fait Kamala Harris. Au fond, la candidate démocrate, une femme de la côte Ouest, venue de la Californie privilégiée, a répété, huit ans après, les erreurs d’Hillary Clinton, une femme de la côté Est incarnant les élites new-yorkaises. Jusqu’à mettre en scène jusqu’au bout le soutien des vedettes du show bizz, de Taylor Swift à Lady Gaga.

Un récit fédérateur

En face, l’inflation et l’immigration ont fait la victoire de Donald Trump. Le tribun populiste a porté un grand récit fédérateur, le "Make America Great Again", qui lui a permis de progresser dans toutes les catégories, y compris les minorités latinos et afro-américaines elles aussi soucieuses de sécurité et de pouvoir d’achat. Du Brexit à la victoire de Giorgia Meloni en Italie, ces mêmes recettes font aussi le succès de l’extrême droite un peu partout en Europe.
 
La victoire de Donald Trump, c’est donc du pain béni pour Marine Le Pen, pour moquer les sondages ou les médias encore une fois incapables de mesurer l’ampleur de cette vague populiste. Mais contrairement à 2016, elle ne l’avait pas soutenu. Sans doute parce que côté style, il y a plus de trumpisme dans la violence verbale de Jean-Luc Mélenchon, ses insultes envers les journalistes, sa volonté de "tout conflictualiser". Depuis des mois, Donald Trump ne cesse de se radicaliser. Son triomphe, c’est aussi un désaveu de la stratégie de "dédiabolisation" de Marine Le Pen.

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