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Édito
Visite d'Emmanuel Macron à Marseille : le chef de l’État est venu redorer son blason dans la deuxième ville de France
En termes d’images, la visite surprise d’Emmanuel Macron, mardi 19 mars, à Marseille est une réussite. Il faut dire que les dernières en date qu’ont imprimées nos rétines sont celles du salon de l’agriculture. Et elles n’étaient pas très flatteuses. On se souvient d'un président très fortement chahuté lors de heurts entre les forces de l’ordre et des agriculteurs en colère. Il était donc temps pour Emmanuel Macron de rectifier le tir, d’où ce déplacement mardi à Marseille, qui ne représente pas seulement sa ville de cœur. C’est aussi, en quelque sorte, la ville laboratoire de plusieurs pans de sa politique en matière de sécurité autant que d’emploi.
Emmanuel Macron s’en est donc donné à cœur joie. Il a multiplié les selfies, tenant lui-même les téléphones pour ne pas louper les clichés. Suggérant même à une Marseillaise sans emploi malgré un diplôme d’agente de sécurité de lui envoyer un texto pour le tenir au courant de ses recherches. Le but était clair: donner l’image d’un président au contact, un président du quotidien. Et non pas seulement d’un président des affaires du monde.
Marquer son territoire
Ce déplacement intervient après une intense séquence internationale du président. Une très longue séquence sur la Russie notamment, où le chef de l’État a laissé entendre qu’il n’excluait rien, y compris l’envoi de troupes au sol, Le point d’orgue de cette séquence étant la grande interview de jeudi dernier sur TF1 et France 2. Le risque pour le président de la République était de donner l’impression d'investir uniquement son domaine réservé de chef des armées et de la diplomatie, en déléguant à Gabriel Attal les préoccupations réelles des Français, même si, promis juré, assure Matignon, tout est fluide et parfaitement coordonné entre les deux hommes. Le Premier ministre vante d’ailleurs une “co-décision” permanente entre lui et le président, quitte au passage à contrevenir à l’article 20 de notre Constitution, qui veut que le gouvernement conduise la politique de la nation. Dans les faits la pratique a depuis longtemps dépassé le texte. Dans ces conditions, rien de mieux que le retour au terrain, et même un terrain difficile comme les quartiers nord de Marseille, pour marquer son territoire.
Ce déplacement marque le retour de l’hyperprésident si tant est que nous en soyons vraiment un jour sorti. Tout vient du président et tout y remonte, avec toujours le danger, qu’en cas d’échec, tout lui soit imputé et vienne ébranler sa personne, son gouvernement et l’ensemble de sa politique. Une stratégie qui n'est pas sans risques à trois mois seulement d’une élection européenne qui paraît mal engagée pour la majorité. Sur le trafic de drogue, par exemple, on sait à quel point c’est un combat souvent précaire. Cette hydre sait se régénérer aussi vite qu’elle a été amputée. L’ambition “place nette” affirmée mardi par Emmanuel Macron, c’est la réédition du kärcher de Nicolas Sarkozy de 2005 pour nettoyer les banlieues. Quelques mois après, ces mêmes cités s'enflammaient.
Les images de mardi sont incontestablement réussies pour le chef de l’État. À lui d’éviter qu’elles ne se transforment en illusions perdues.
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