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FN-UMP : la tentation de l'alliance

A quarante ans, le Front national veut sortir de la culture de la simple contestation, marque de fabrique de Jean-Marie Le Pen. Pour sa fille, Marine, le parti doit se lancer dans la conquête du pouvoir. Une des conditions pour y parvenir, c'est affaiblir l'UMP pour l'obliger à négocier des alliances. Jusqu'ici, le parti de droite s'y est refusé. Mais son discours a évolué sous l'influence du FN.
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En pleine campagne des élections législatives, entre les deux tours, un sondage a permis de mettre un chiffre sur une question de plus en plus posée dans les meetings de l'UMP : 66% des électeurs de ce parti étaient favorables à une alliance avec le FN pour battre la gauche. La fièvre électorale est passée, mais la question demeure. C'est l'une des plus souvent posée aux responsables en course pour la direction du parti. Mais jusqu'ici, les alliances ont toujours été refusées et condamnées. Depuis Jacques Chirac à l'époque du RPR, déclarant lors de la présidentielle 2002 : "pas plus que je n'ai accepté dans le passé d'alliance avec le Front national, quelqu'en soit le prix politique, je n'accepterai demain de débat avec son représentant "; Jean-François Copé aujourd'hui, qui souligne les différences de doctrine : "nous n'avons pas la même histoire, nous avons des points de divergence majeurs comme la question européenne. Par ailleurs, on ne va s'allier avec des gens qui appellent à notre destruction ".

Tentations électorales

Malgré ces prises de position répétées, chaque élection voit la tentation revenir. Lors des dernières législatives, le maire UMP du Grau-du-Roi, dans le Gard, a longtemps hésité avant de se retrirer pour tenter, sans succès, d'empêcher l'élection de Gilbert Collard. Piégée par un humoriste, Nadine Morano a avoué des "intérêts communs " avec le FN. Gérard Longuet, lui, décrivait, dans l'hebdomadaire d'extrème-droite Minute, Marine Le Pen comme une "interlocutrice ". En Gironde, l'ex-député Jean-Paul Garraud envisageait une alliance pour sauver son siège. Certains franchissent le pas comme Christian Vanneste, l'ancien député du Nord qui a quitté aujourd'hui l'UMP pour fonder son propre parti : "il faut faire cesser cette barrière stupide, pavlovienne, réflexe. Marine Le Pen, globalement, elle tient un discours qui me paraît être un discours républicain ".

Jusqu'ici, toutes ces prises ce position n'ont pas trouvé d'écho rue de Vaugirard. Mais le FN a influencé d'une autre manière la droite classique."Depuis son émergeance électorale en 1983, la droite a tenté de courrir après les idées du Front national ", souligne le sociologue Sylvain Crépon, spécialiste du FN. "Et sans cesse le Front national a fait de la surrenchère en assurant que les électeurs préféraient l'original à la copie. Et il n'a pas tort puisque partout en Europe, lorsque la droite a essayé de courrir après ces partis populistes, ça n'a jamais été porteur électoralement. Ils ont toujours perdu face à la gauche parce qu'ils oubliaient de revenir sur leurs propres valeurs ".

Entre menaces et vibrants appels

En 2007, Nicolas Sarkozy pouvait se vanter d'avoir siphonné les voix du Front national. Aujourd'hui, le parti d'extrème-droite affirme rendre la politesse en multipliant les coups de boutoir contre cette "digue", où apparaîssent des fissures. Jean-Marie Le Pen affirme que le refus d'alliance est "suicidaire " pour l'UMP. Quant à Marine Le Pen, elle alterne menace et rappels des valeurs communes : "Je vais m'allier à tous ceux qui en réalité sont à l'UMP, mais qui, compte-tenu de ce vote [celui du traité européen, ndlr], n'ont plus rien à y faire. Tous ceux qui aiment la France, tous ceux qui veulent qu'on reste un peuple libre. Et je les appelle à venir autour de moi. Les députés qui voteront ce traité commettront un acte de haute trahison à l'égard de leur nation. Qu'ils ne viennent pas aux municipales nous demander de leur sauver la tête dans leurs municipalités ". Car l'implantation locale, c'est l'autre grand objectif du FN sur la route du pouvoir. Et la question des alliances avec l'UMP devrait fortement ressurgir lors des prochaines municipales, en 2014.

 

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