Guerre en Ukraine, sanctions économiques et crise énergétique : faut-il craindre des turbulences dans l'UE ?
La crise énergétique mobilise le gouvernement français et, bien au-delà, elle pèse sur l’ensemble de l’Europe. C’était la principale inquiétude hier de la présidente de la Commission Ursula Von Der Leyen lors de son discours sur l’état de l’Union.
Derrière cette crise énergétique et les menaces de pénurie, un enjeu politique lourd : combien de temps les opinions publiques occidentales vont-elles soutenir les sanctions contre la Russie ? Marine Le Pen s’est emparée du risque de coupures d’électricité pour s’indigner sur le mode "On n’est pas un pays du tiers-monde !"
Et la cheffe de file de l’extrême droite réclame la levée des sanctions contre la Russie. Selon elle, elles ne pénaliseraient que les Occidentaux.
C’est aussi ce que dit Vladimir Poutine. Mais un rapport détaillé de la Commission a démontré l’efficacité des six trains de sanctions qui ont plongé la Russie dans une forte récession : moins 6 % du PIB en 2022.
Les sanctions ont aussi fait grimper les prix de l’énergie au sein de l’Union européenne
C’est vrai, et c’est logique, l’inflation augmente à mesure que le robinet du gaz russe se ferme. C’est pour cela qu’Emmanuel Macron avait exhorté en août les Français à accepter de "payer le prix de la liberté" et donc du soutien à l’Ukraine. L’opposition s’est emparée de ce thème de l’inflation. Jean-Luc Mélenchon souhaite organiser une "grande marche contre la vie chère" à l’automne, et hier, à Strasbourg, la députée européenne insoumise Manon Aubry a brandi des factures reçues par des particuliers pour fustiger ces "hausses insupportables".
"Envoyez ces factures à Moscou !", a répliqué Ursula von der Leyen en accusant Poutine d’être le seul responsable de la crise. La présidente de la Commission était d’ailleurs habillée en jaune et bleu, les couleurs de l’Ukraine, et accompagnée de l’épouse du président Zelensky.
Pas question pour l’Union de fléchir dans son soutien à l’Ukraine
D’autant moins que sur le plan militaire, les faits lui donnent raison. L’armée ukrainienne regagne du terrain de façon spectaculaire et inflige de lourdes pertes aux Russes. Et c’est notamment grâce aux livraisons d’armes américaines, mais aussi européennes. Marine Le Pen, comme Jean-Luc Mélenchon d’ailleurs, y étaient hostiles. Pourtant, sur le plan politique, le choc est déjà programmé pour l’UE. Si dans dix jours, l’extrême droite l’emporte en Italie, pour le plus grand bonheur de Vladimir Poutine, les assauts de tous ceux qui réclament la levée des sanctions redoubleront.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.