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Guerre en Ukraine, crise de l'énergie, super-profits... Ce qu'il faut retenir du "discours sur l'état de l'Union" d'Ursula von der Leyen

La présidente de la Commission européenne a fait plusieurs annonces mercredi matin devant le Parlement européen à Strasbourg.

Article rédigé par Fabien Jannic-Cherbonnel
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le 14 septembre 2022 à Strasbourg (Bas-Rhin) au Parlement européen. (FREDERICK FLORIN / AFP)

C'est un "moment-clé de la démocratie européenne", selon le Parlement européen. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prononcé, mercredi 14 septembre, devant les députés européens à Strasbourg (Bas-Rhin), son troisième "discours sur l'état de l'Union". La guerre en Ukraine, mais aussi la crise des énergies qui en découle, ont été au cœur de son allocution. Voici ce qu'il faut retenir de l'intervention de près d'une heure de la dirigeante, qui n'est pas élue mais qui dispose de l'initiative des lois européennes.

Le discours d'Ursula Von der Leyen
Le discours d'Ursula Von der Leyen Le discours d'Ursula Von der Leyen

Un hommage rendu à l'Ukraine et à la solidarité européenne

La guerre en Ukraine a largement imprégné le discours de la cheffe de l'exécutif européen, habillée pour l'occasion aux couleurs du drapeau du pays. Ursula von der Leyen a notamment mis à l'honneur la Première dame ukrainienne, Olena Zelenska, à qui les eurodéputés ont réservé une ovation debout dans l'hémicycle. "Je me tiens ici, devant vous, animée de la conviction que, grâce à notre courage et à notre solidarité, Poutine échouera et l'Europe vaincra", a-t-elle déclaré. La présidente de la Commission a admis que l'UE "aurait dû écouter ceux qui connaissent [Vladimir] Poutine", notamment les "journalistes russes qui ont exposé ses crimes et en ont payé le prix".

Sous les applaudissements des parlementaires, la cheffe de l'exécutif européen s'est ainsi félicitée de l'impact des sanctions européennes sur l'économie russe, promettant que "les sanctions sont là et vont rester". "Il faut nous montrer déterminés, il ne faut pas chercher l'apaisement", a-t-elle ajouté, rappelant la promesse d'une nouvelle aide d'un montant de 5 milliards d'euros à destination de Kiev et de nouvelles aides pour reconstruire les écoles du pays. Ursula von der Leyen, qui se rendra à Kiev dans la journée, a également insisté sur sa volonté d'offrir à l'Ukraine "un accès sans barrière au marché unique" et a annoncé la fin des frais d'itinérance pour les Européens en Ukraine.

Des annonces pour ralentir la flambée des prix de l'énergie

Ursula von der Leyen était très attendue sur le sujet, alors que les problèmes d'approvisionnement liés à la guerre en Ukraine font flamber les prix de l'énergie. Elle a notamment promis de réformer le marché de l'électricité européen, qu'elle a qualifié d'"inadapté", en déclarant : "Il faut découpler les prix de l'électricité de l'influence dominante du gaz." A l'heure actuelle, c'est le prix de revient de la dernière source de production mobilisée pour équilibrer l'offre et la demande d'électricité, généralement les centrales au gaz, qui détermine le prix imposé à tous les opérateurs. Un problème majeur alors que la Russie réduit ses exportations de gaz vers l'UE. Les discussions des Vingt-Sept sur ce sujet devraient être animées, certains pays étant réfractaires à tout changement.

La cheffe de l'exécutif européen a également annoncé sa volonté de plafonner les super-profits des producteurs d'électricité à base d'énergies renouvelables et de nucléaire. Cela permettrait de lever "plus de 140 milliards d'euros" pour les Etats de l'Union européenne, qui pourraient les redistribuer aux ménages et entreprises vulnérables, a-t-elle affirmé. La Commission veut aussi fixer aux Etats un objectif contraignant pour réduire leur consommation d'électricité "d'au moins 5%" pendant un nombre déterminé d'heures de pointe durant lesquelles l'électricité est la plus chère.

Un rappel de l'importance de la lutte contre le réchauffement climatique

Ursula von der Leyen a rappelé "l'importance" du pacte vert européen. Cet accord entre les Vingt-Sept vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 55% d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990, et à parvenir à la neutralité carbone d'ici à 2050Elle a également promis d'accélérer le développement des énergies renouvelables et a annoncé la création d'un fond pour l'hydrogène vert de 3 milliards d'euros mais aussi la constitution de réserves stratégiques de terres rares et le lithium, dont l'offre mondiale est contrôlée par la Chine.

L'achat d'avions pour lutter contre les incendies

Après un été caniculaire où de nombreux Etats-membres, dont la France, ont été touchés par des incendies, Ursula von der Leyen a annoncé le doublement de sa flotte d'avions destinés à lutter contre les feux, avec l'achat de 10 avions amphibies légers et trois hélicoptères supplémentaires. Une annonce qui a permis à la présidente de la Commission de rappeler que l'UE "devait travailler sans relâche pour l'adaptation au changement climatique, car la nature est notre premier allié".

Une proposition de réforme des institutions européennes

Après avoir rendu hommage à Elizabeth II, qu'elle a qualifiée de "légende", Ursula von der Leyen s'est tournée vers le futur des institutions européennes. Elle a notamment apporté son soutien à l'idée d'une Communauté politique européenne, proposée par Emmanuel Macron, qui réunirait les Etats européens non-membres qui souhaitent travailler avec l'UE. Elle en a profité pour envoyer un signal à la Moldavie et la Géorgie, toutes deux candidates à l'UE. "Vous êtes l'avenir de notre Union et notre Union n'est pas complète sans vous", a-t-elle affirmé.

La présidente de la Commission s'est également prononcée pour "une convention européenne" visant à réformer les traités européens. De nombreux Etats se sont exprimés en faveur d'une révision des textes fondateurs, notamment pour remettre en cause la règle de l'unanimité, qui ralentit souvent les prises de décision des Vingt-Sept. "Nous devons être à même d'agir sur ce qui importe le plus aux gens", a-t-elle soutenu, appelant à ''renouveler la promesse européenne".

"Nous devons nous battre pour nos démocraties, chaque jour, chaque minute", a lancé Ursula von der Leyen, abordant le respect de l'Etat de droit dans l'UE. Sans faire référence directement à la Hongrie ou la Pologne, elle a affirmé que la Commission "continuerait d'insister sur l'indépendance judiciaire" et sur le respect "de notre budget". La présidente a également promis une réforme des textes européens destinés à combattre la corruption.

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