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Incident du Trocadéro : la violence, menace croissante pour nos démocraties fatiguées

Tollé après un incident dimanche 27 mars, lors du meeting d’Eric Zemmour place du Trocadéro à Paris. Ses supporters ont scandé "Macron assassin !", sans que le candidat ne réagisse. Il a ensuite fait savoir qu’il n’avait pas entendu et qu’il condamnait.

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Eric Zemmour, candidat à l'élection présidentielle, lors du meeting place du Trocadéro à Paris (France) le 27 mars 2022 (JULIEN DE ROSA / AFP)

"Ben voyons", comme dirait Éric Zemmour. On peut douter qu'il n'ait pas bien entendu. La scène a quand même duré une douzaine de secondes, c’est long. De toute façon, c’est bien lui qui en est à l’origine : il venait d’évoquer une série de faits divers et de lancer que "l'État devrait avoir honte !". Difficile de jouer les Ponce Pilate.

Même si Éric Zemmour est un spécialiste : souvenez-vous, il n’y était déjà pour rien quand des militants d’extrême droite ont roué de coups des manifestants non violents lors de son meeting de Villepinte, ou quand un de ses supporters a fait un salut nazi face caméra lors d’une réunion publique à Toulon. Depuis le début de sa campagne, il chauffe son public à blanc et se défausse en cas d’incidents.

La violence en politique, vieille habitude

Déjà sous la IIIe République, les injures volaient bas à la Chambre et des élus se provoquaient en duel, épée à la main. François Hollande et surtout Nicolas Sarkozy ont eux aussi été pris pour cibles. Mais depuis cinq ans, la situation s’est aggravée. La haine anti-Macron a suscité par endroits une hystérie qui menace les fondements même de notre démocratie.

Lors du mouvement des "gilets jaunes", on a vu des effigies du président pendues, lui-même a été pourchassé au Puy-en-Velay, des élus ont été agressés, un ministère envahi, des permanences vandalisées. Et nombre d’élus ont excusé et même légitimé cette violence. On se souvient du député insoumis François Ruffin, qui prétendait se faire le porte-parole des "gilets jaunes", venir clamer devant l’Elysée que le président "finira comme Kennedy" et qu’"il doit partir".

Ceux qui condamnent la violence, et les autres

Une bonne partie du monde politique a condamné l’incident du Trocadéro. La majorité bien sûr, mais aussi Valérie Pécresse. Même Marine Le Pen a dénoncé une "outrance". Il faut dire que la candidate d’extrême droite a été chahutée ce week-end en Guadeloupe et Emmanuel Macron a très clairement condamné l’incident en expliquant qu’il faut bannir toute forme de violence en politique, quels qu’en soient l’auteur et la cible.

Il y a deux ans, il avait d’ailleurs appelé Éric Zemmour, agressé verbalement dans la rue, pour le réconforter. En juin dernier, en revanche, quand le chef de l'État a été giflé lors d’un déplacement, Zemmour avait déclaré : "Il n’a que ce qu’il mérite". La violence est une menace croissante pour nos démocraties fatiguées. C’est aussi un défi qui permet de distinguer ceux qui sont capables d’incarner l’unité nationale qu’exige la fonction de président de la République, et ceux qui ne sont pas à la hauteur de cette fonction.

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