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Jérôme Cahuzac dans de sales draps. Chronique diffusée avant la démission du ministre du Budget

Le ministre du budget serait bien l'homme qui dans un enregistrement réalisé en 2000 se dit ennuyé par son compte en Suisse. La justice n'en n'est pas certaine à 100%, mais le parquet a quand même décidé d'ouvrir une information judiciaire. L'étau se resserre. Même si le personnel politique ne veut pas accabler le ministre.
Article rédigé par franceinfo
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Franceinfo (Franceinfo)

L'information est tombée juste à la fin des questions au gouvernement
à l'assemblée, quand les députés viennent livrer leurs commentaires aux
journalistes. La droite venait dire tout le mal qu'elle pense de la politique
fiscale du gouvernement, à la veille de la motion de censure déposée par
Jean-François Copé. La gauche devait apparaître soudée pour défendre sa politique, sans
laisser la droite s'exonérer de son bilan. Les députés sont donc cueillis à froid avec cette nouvelle étape de
l'affaire Cahuzac, et bizarrement, personne ne veut accabler le ministre du
budget.

Même
l'opposition reste prudente.

L'UMP se veut vertueuse, depuis le début de ce feuilleton. D'abord, elle n'a jamais voulu accorder de crédit aux accusations de
Médiapart. Le site d'information a été le fer de lance de l'affaire Woerth
Bettencourt. Cela ne déplait pas au parti de Jean-François Copé de donner des
leçons d'élégance à la gauche. Quand elle é tait opposition, l'actuelle majorité
n'a jamais craint d'attaquer Eric Woerth, ministre du budget et trésorier de
l'UMP, tout en accusant le système Sarkozy. Les UMP s'affichent donc circonspects et prudents. Si c'est vrai, s'il est avéré, alors oui, Jérôme Cahuzac devra
démissionner, admet le trésorier de l'UMP Dominique Dord. Car pour lui, le plus grave, c'est le mensonge, " mensonge d'Etat ",
de Jérôme Cahuzac, qui a juré, devant les députés à l'Assemblée, c'est-à-dire la
représentation nationale, qu'il n'avait jamais eu de compte " à l'étranger, ni
maintenant, ni avant ". La solennité de cette affirmation avait d'ailleurs été soulignée par
Jean-Marc Ayrault. Son ministre ne s'était pas " exprimé n'importe où ",
relevait le Premier ministre pour renouveler sa confiance à Jérôme Cahuzac en
décembre dernier. A chaud, les députés socialistes se retranchent derrière la sérénité
de la justice, qui doit faire son travail. Ce soir, l'Elysée et Matignon se refusent à tout commentaire.

Cette
prudence ne vous parait pas forcément totalement
sincère...

La droite n'a pas besoin de secouer le cocotier pour que le fruit
tombe. Comme si le temps faisait inexorablement son œuvre. S'il apparaît que Jérôme Cahuzac a menti devant les députés et le
gouvernement réunis lors des questions au gouvernement en décembre, il perdra
tout crédit politique. Deuxième raison  pour laquelle
la droite ne veut pas trop secouer le cocotier, c'est que, concernant les
affaires qui mêlent argent et politique, le discrédit n'établit pas vraiment
 de distinguo ; il entache autant la
gauche que la droite. Ce que n'ignore la députée Front National Marion Maréchal, qui se
refusait à tout commentaire, il encore deux heures. Pourtant, au fil du temps, la jeune génération commence à jouer sa
petite musique à l'UMP.

Il y a quelques minutes, Laurent Wauquiez dénonce " l'omerta " qui
prévaut à propos de Jérôme Cahuzac que tout le monde défend alors qu'il est
" indéfendable ". Luc Chatel twitte pour demander à François Hollande de prendre ses
responsabilités.

Le dossier accélère.

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