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La forêt, parent pauvre des politiques publiques françaises

Le gouvernement doit saisir l'urgence de protéger la forêt. Il en va de la sécurité des populations et plus largement de la survie de l’humanité.

Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Elisabeth Borne en déplacement en Gironde, le jeudi 11 août. (PHILIPPE LOPEZ / POOL / MAXPPP)

La forêt brûle cet été parce que la canicule frappe durement, trop souvent aidée par les incendiaires, mais aussi parce que nous sommes impréparés pour affronter à ce fléau. Nous disposons d’un ministère de la Mer, mais pas de portefeuille pour la forêt. Et pourtant, elle occupe près du tiers de notre territoire, ce qui nous classe, en comptant la Guyane, au troisième rang européen derrière la Suède et la Finlande. Et elle ne cesse de croître. La forêt devrait donc faire l’objet de toute nos attentions.

Mais la forêt reste un parent pauvre des politiques publiques. En témoigne la réduction constante des effectifs de l’Office national des forêts (ONF), avec un millier d’emplois supprimés lors du précédent quinquennat. Plus de 5 000 ces vingt dernières années, il ne reste plus que 8 000 agents. A l’heure du péril climatique, la forêt grandit mais l’ONF rétrécit.

58 000 hectares déjà partis en fumée

La France dispose de l’une des toutes premières flottes en Europe, avec douze canadairs et six Dash, les avions bombardiers d’eau. Mais avec certains appareils en maintenance ou en fin de vie et trop peu de pilotes, elle ne peut plus faire face. Quand les avions basés à Nîmes déboulent enfin dans le ciel, de l’aveu des élus et professionnels au sol, il est souvent trop tard.

"Les Canadair, je m’en occupe", avait glissé avec un clin d’œil Emmanuel Macron à un maire lors de sa visite à La Teste-de-Buch en Gironde, fin juillet. Le chef de l’Etat qui a tweeté hier l’arrivée des renforts européens. Mais 58 000 hectares sont déjà partis en fumée, près du double de l’année dernière. Les différentes régions sinistrées tout comme les pays membres de l’Union ne peuvent plus passer leur temps à se disputer les quelques moyens disponibles.

Sensation de flottement du gouvernement 

Nous sommes en droit de nous demander pourquoi la mobilisation gouvernementale ne s’est pas déclenchée au plus fort des incendies de juillet. Christophe Béchu en charge de la transition écologique et Marc Fesneau, à l’agriculture, semblent découvrir leurs ministères. La Première Ministre Elisabeth Borne, en se rendant en Gironde, jeudi 11 août, avec son ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, a tenté de gommer la sensation de flottement du gouvernement face à des feux au niveau de ceux qui ravagent la Californie.

C’est une nouvelle urgence : il faut protéger la forêt, un patrimoine écologique au cœur de la lutte contre le réchauffement climatique. Il en va de la sécurité des populations et plus largement, à l’échelle planétaire, de la survie de l’humanité.

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