La méthode Ayrault à l'épreuve
C'est donc à
Matignon que les rendez-vous vont s'enchainer cette semaine. Preuve, s'il
en était besoin, que le Premier ministre est à la manœuvre, et pas le président
de la République ou l'un des ministres de Bercy.
Jean-Marc
Ayrault est attendu au tournant. Dans un
premier temps, il a marqué le point de la surprise. En politique,
qui surprend engrange. L'annonce inattendue
de cette remise à plat du système fiscal français a eu un premier mérite :
resserrer les rangs des socialistes.
Elle a
produit un second effet, un peu collatéral, la mauvaise humeur du ministre de l'économie.
Pierre Moscovici pas au courant du
lancement de ce gros chantier fiscal
Le ministre de l'Economie n'était pas dans la confidence, et il en a conçu une certaine amertume, d'autant
qu'après des fuites sur des éventuels changements à la tête de deux administrations
à Bercy, Pierre Moscovici a compris que Matignon prétendait exercer directement
son autorité sur son ministère.
Une petite
explication avec le Premier ministre l'a ensuite conduit à affirmer
publiquement sa bonne entente avec le chef du gouvernement.
Comme si l'incident,
officiellement, était clos, même si l'esprit chagrin de Pierre Moscovici entretient
l'image d'un certain cafouillis au sommet de l'Etat, entre un Premier ministre trop
entreprenant et un président de la République qui se laisserait forcer la main.
Jean-Marc
Ayrault s'efforce de dissiper ce fumet, en assumant sa prééminence sur ce
dossier. Il ne suffit
pas de surprendre, il faut entreprendre.
Mise en route avec
la consultation des partenaires sociaux
Il ne s'agit
pas de la partie la plus périlleuse. Les syndicats sont plutôt preneurs d'une
réforme fiscale. Avant de
rentrer dans les détails, ils sont venus vérifier le sérieux de la proposition Ayrault.
Jusque-là,
ils se montrent prêts à jouer le jeu, mais on sent bien que les syndicats
seront très vigilants. Ils veulent
bien jouer le jeu de la concertation lancée par Jean-Marc Ayrault, mais pas
faire le jeu d'une opération Ayrault.
Matignon n'ignore
pas toute la subtilité de ce distinguo. Sur le
principe, les Français ne sont pas opposés à une refonte du système fiscal, mais
ils ne veulent pas que l'opération se traduise par une hausse des impôts. Et puis
surtout, pour la grande majorité d'entre eux, Jean-Marc Ayrault ne possède pas le
savoir-faire nécessaire à cette opération.
C'est le
pari de Jean-Marc Ayrault, il se sent de taille à porter cette méthode. Si son
savoir-faire reste à démontrer, Jean-Marc Ayrault montre une facette inédite
chez lui : le goût du risque.
C'est du
quitte ou double
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