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Podemos en France, c’est possible ?

La révolution citoyenne serait en marche en Espagne, après la poussée de Podemos aux élections locales et régionales. Vu de France, ce phénomène pourrait-il modifier la façon de faire de la politique ?
Article rédigé par Olivier Bost
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Olivier Bost © RF)

Au moment où le PS a perdu une bonne part de ses militants et se recroqueville sur ce qui lui reste d’élus et d’apparatchiks, le résultat de Podemos peut poser question. La secrétaire d’État à la Politique de la Ville, Myriam El Khomri, estime sur France Info qu’ils doivent renouveler leurs pratiques politiques, et que "la place de la société civile, la place des citoyens est importante. Moi, dans la politique que je conduis, notamment avec l’émergence des conseils citoyens dans les quartiers est une façon de co-construire la politique avec eux. Et je crois que c’est nécessaire aujourd’hui dans le pays ".

Etre plus à l’écoute, c’est aussi ce que tente de faire l’UMP avec ses militants. Ils sont consultés avec une application sur smartphone sur des sujets divers.

Les partis traditionnels sont dépassés

Les partis tentent donc de s’adapter mais Jean-Marie Cavada, député européen et Président de Nous Citoyens, les partis traditionnels ne sont pas très bien équipés pour ça : "La droite a la culture du chef, la gauche a la culture de la doctrine. Tout ça, c’est de la verticalisation jacobine. La France se détourne du jacobinisme et elle veut des gens capables d’apporter des réponses concrètes aux problèmes qu’ils vivent presque tous les jours. En réalité, le numérique va jouer un rôle extrêmement important dans le rassemblement de ces populations affamées de réactions immédiates et concrètes. " Jean-Marie Cavada estime qu’il y a un réservoir énorme pour ces initiatives, celui des abstentionnistes, premier parti de France dans les dernières élections locales.

Les frondeurs du PS prônent des alliances

S’il semble difficile pour les partis traditionnels de se réinventer, au Parti socialiste le frondeur Christian Paul prône déjà des alliances avec ces nouveaux concurrents : "Quand les gauches se rassemblent, elles gagnent face à la droite. Quand les socialistes sont seuls, quand ils sont tentés par le social libéralisme, ils perdent les élections en Espagne, comme en France. S’ils savent réunir une grande gauche, avec des partis nouveaux qui expriment une revendication démocratique, qui ont une vraie exigence sociale, qui devraient être celles de tous les socialistes, la gauche peut espérer avoir une base électorale solide "  a expliqué Christian Paul au sommet du Mont-Beuvray ce lundi où il a retrouvé Arnaud Montebourg, un autre frondeur, mais plutôt marchand de meuble ces derniers temps.

Jean-Luc Mélenchon exulte

Comme après les élections en Grèce Jean-Luc Mélenchon ne boude pas son plaisir. Podémos en Espagne est le prolongement d’un mouvement qu’il avait lui-même initié : "Nous avoyons en Espagne la vague que nous avions commencé ici avec nos petits 11%, qui  s’est terminé par une victoire en Grèce, et qui est en train de balayer l’Espagne. Il faut que les partis, nos partis, ceux de l’autre gauche, s’ils veulent vraiment que le coup de balai passe sur la vieille politique UMP/PS, il faut que nos partis se mettent en retrait, au service de formation citoyenne où les gens s’impliquent eux-mêmes, ce sont les gens qui doivent faire le ménage, pas nous. " Jean-Luc Mélenchon attend beaucoup des prochaines élections régionales car il s’agit d’un scrutin de liste, une élection où il ne s’agit pas de choisir une ou deux personnes, ce qui permet de rassembler beaucoup plus de monde.

En France, le Front National récupère la contestation

Il y a un gros frein en France pour un scénario espagnol, le Front National a déjà capté une part du ras le bol du système politique, canalisé une part des déçus du Parti Socialiste et de l’UMP. Et le FN est tout, absolument tout, sauf un mouvement citoyen.

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