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Quand la question de l’antisémitisme enflamme l’Assemblée nationale

Éric Dupond-Moretti s’en est pris aux députés de gauche notamment au sujet d'une proposition de loi communiste qui voulait qualifier "d'apartheid" le régime d'Israël vis-à-vis des Palestiniens. Son intervention a entraîné le départ des députés Nupes de l'hémicycle.

Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les députés de la Nupes, notamment Mathilde Panot, quittent l('hémicycle en réaction au propos d'Éric Dupond-Moretti sur l'antisémitisme, le 3 août 2022. (PH LAVIEILLE / MAXPPP)

Cela devait bien finir par arriver, dans cette Assemblée électrisée, à bout de nerfs, au sortir d’intenses débats autour du pouvoir d’achat. Mais c’est sur un tout autre sujet que les députés de la coalition de gauche, la Nouvelle Union populaire et sociales (Nupes), ont quitté l’hémicycle indignés par les propos d’Éric Dupond-Moretti.

Le garde des Sceaux réagissait à l’intervention de Meyer Habib. Le député apparenté Les Républicains s'est emporté contre la résolution lancée il y a peu par le communiste Jean-Paul Lecoq, signée par une quarantaine d’élus de gauche, comparant l’État d’Israël à un régime "d’apartheid". Éric Dupond-Moretti s’en est pris à l’extrême-gauche pour sa récente invitation du travailliste Jeremy Corbyn, un temps accusé d’antisémitisme outre-Manche, mais aussi pour ses mots à l’encontre du chef de l’Etat. Ceux de Mathilde Panot qui l’avait accusé d’avoir rendu honneur à Pétain.

Derrière ces controverses, il n'y a rien de moins qu’une ligne de fracture profonde au sein de la classe politique et d’une partie de la société française. La majorité, la droite accusent l’extrême-gauche d’"islamo-gauchisme" et d’un refus de condamner clairement l’Islam radical, sur fond d’arrière-pensées électoralistes. L’antisionisme, l’hostilité à l'existence ou à l'extension de l'État d'Israël au détriment de la Palestine, serait devenue une sorte de vitrine légale d’un antisémitisme profond, passible, lui, des tribunaux. Les élus de gauche, piqués au vif, ont dénoncé une instrumentalisation politicienne de la lutte contre l’antisémitisme.

Nouvelle controverse sur l'expulsion d'un imam

Éric Dupond-Moretti s’en est également pris mardi à l’extrême-droite, rappelant les mots du père fondateur Jean-Marie Le Pen sur le détail de l’Histoire. Mais les députés du Rassemblement nationale n’ont pas quitté l’hémicycle et c’est même l’un d’entre eux, Sébastien Chenu, qui a interpellé Gérald Darmanin pour réclamer l’expulsion vers le Maroc de l’imam du Nord Hassan Iquioussen, prédicateur proche des Frères musulmans pour ses déclarations notoirement antisémites.

Une expulsion contestée par l’insoumis David Guiraud, qui accuse le ministre de l’Intérieur de ne pas respecter l’état de droit et de faire de la politique. Le communiqué du député LFI n’a fait qu’alimenter sur les réseaux sociaux la machine à soupçons d’islamo-gauchisme rampant. Ces controverses sans fin, sources de tensions extrêmes et de dérapages, méritent désormais, sans plus attendre, une clarification dans le débat public. La cohésion de la République est à ce prix.

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