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Quand le jeu politique est mortel

Le suicide de Jean Germain bouleverse au sein de la majorité et de l’opposition. La presse et la justice sont mises en cause. Le maire de Tours n’est pas le premier élu à mettre fin à ses jours, après avoir été mis en cause sur le plan de la probité.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Le suicide de Jean Germain connait un grand retentissement aujourd'hui, mais il n’est pas le premier. Plusieurs maires ont mis fin à leurs jours, ces dernières années après avoir été impliqués dans des affaires financières. La violence de la mise en accusation sur la place publique est telle, que parfois, le fait d’être reconnu innocent ne suffit pas à effacer les traces de cette blessure. En novembre 1998, le maire UMP de Théoule sur mer, André-Charles Blanc s’est donné la mort un mois après avoir été relaxé par le tribunal.

 

Jean Germain a voulu donner une signification politique à son geste

L’ancien maire de Tours a laissé une lettre. Avant même que son procès s’ouvre, il s’attendait à des réquisitions défavorables, pour "des raisons plutôt politiques". "L’injustice et le déshonneur lui était insupportable", mais ce n’est pas la seule explication donnée par Jean Germain. L’ancien maire de Tours a estimé qu’on "ne pouvait pas laisser la chasse systématique aux politiques se dérouler normalement, quotidiennement". Il souhaitait donc que sa mort raisonne comme un avertissement, qu’elle corresponde à une prise de conscience.

 

Et cette prise de conscience a-t-elle lieu ?

 

Il y a d’abord l’émotion, au sein du personnel politique, surtout au parti socialiste. Manuel Valls se dit "bouleversé",  François Hollande parle d’un "drame terrible". Le président UMP du Sénat, prononce le nom que tous ont en tête : "le système n’a rien retenu depuis Pierre Bérégovoy", insiste  Gérard Larcher.

 

Peut-on réellement établir un lien entre les deux affaires ?

 

Les réactions sont comparables, dans la mesure où elles expriment un choc identique, le même sentiment d’injustice face à la violence de la vie politique, avec des interrogations sur le rôle de la presse. (Pas la justice car Pierre Bérégovoy n’avait pas été poursuivi). Elles ramènent brutalement à une réalité soulignée par Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale : "la preuve que les hommes politiques ne sont pas des machines". Un démenti aussi à cette idée reçue selon laquelle la politique serait un jeu, une sorte de plaisanterie guerrière, une chasse entre initiés, où la mort politique serait virtuelle. A ceux qui croient pouvoir jouer au jeu politique, Jean Germain a voulu lancer un ultime message, la politique n’est pas un jeu.  

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