Royal-Hollande, un couple politique de retour
On aurait pu penser que tout avait été dit, écrit, de ce couple étonnant. Et bien non : la complicité politique de Ségolène Royal et François Hollande est de retour, et elle s'est affichée comme jamais la semaine dernière à l'occasion de la grande tournée caribéenne du chef de l'Etat.
Aux Antilles, à Cuba, en Haïti, ce sont des petites choses vues et entendues. Ainsi, à l'atterrissage de l'avion présidentiel - il en a eu beaucoup, des atterrissages, vu le nombre d'étapes. En Haïti, cela s’est déroulé comme suit : la porte avant de l’Airbus s'ouvre, le président de la république descend vers le tapis rouge et l'accueil officiel. E qui s'engage dans l'escalier avant même que le chef de l'Etat n'atteigne le sol ? Ségolène Royal, bien sûr. Distançant de plusieurs mètres ses collègues ministres, comme dans un entre-deux, ni première dame, ni simple membre du gouvernement. A sa place, en somme, une place à part.
Royal omniprésente aux Caraïbes
Un peu plus tôt, à Fort de France, devant un parterre d'élus martiniquais, François Hollande a évoqué la délégation qui l'accompagne : "Quatre ministres de l’outremer, rien que ça !", s’amuse le président de la République qui dresse la liste : Georges Pau-Langevin, Christiane Taubira, Annick Girardin - élue de St Pierre et Miquelon - et "Ségolène Royal, qui m’a longtemps fait croire qu’elle était de la Martinique ! ". Allusion aux années que la ministre de l'Ecologie a passées sur l'île pendant son enfance. François Hollande n'a pas pour habitude de faire ce genre de confidences, mais l'allusion à leur vie commune est claire. Assise au premier rang, Ségolène Royal se retourne vers la salle et la salue d’un geste de la main, visiblement ravie.
Ségolène Royal, omniprésente. C'est elle qui un peu plus tôt a lu "L'appel de Fort de France", lancé au nom de 30 pays de la région Caraïbe. Une réplique de "L'appel de manille" déclamé en février par une actrice, Marion Cotillard, qui accompagnait le président de la république aux Philippines. Et c'est encore Ségolène Royal qui, deux jours plus tard, a prononcé le discours du chef de l'Etat destiné à la communauté française de La Havane pendant que François Hollande est retenu aux côtés de Fidel Castro. Dans les bains de foule ou sur les estrades officielles, elle n’a pas quitté le président d'une semelle.
"La vice-présidente"
Pour l'Obs de la semaine dernière, elle est "la vice-présidente". Son retour sur la devant de la scène date du printemps 2014, quand elle est nommée ministre de l'Ecologie. Elle a alors perdu son poste de députée au profit d'Olivier Falorni, soutenu par son ex-rivale Valérie Trierweiler à l'occasion d'un tweet que tout le monde se rappelle. Or, quand elle entre au gouvernement comme numéro 3, elle récupère un secteur crucial, celui de de l'énergie. Elle fait voter sans problème en première lecture la loi sur la transition énergétique, se fait fortement entendre sur le plan médiatique à propos des tarifs EDF, des autoroutes, ou encore de la circulation alternée.
Ca tombe bien : l'écologie et la lutte contre le réchauffement climatique sont devenus des marqueurs du quinquennat Hollande, à quelques mois de la fameuse Conférence de Paris, prévue en décembre. Ségolène Royal a d'ailleurs voulu décrocher la vice-présidence de l'organisation de cette "COP 21", à égalité avec le ministre des Affaires étrangères, son vieil ennemi Laurent Fabius. Elle n’y est pas parvenue, mais est devenue un poids lourd, mieux, un pilier du gouvernement Valls.
Ségolène Royal, en ligne directe avec le président : elle n'a, dit-on, pas besoin de passer par le Premier ministre car la politique est leur affaire à tous les deux, et c’est l’ancienne rivale de Ségolène Royal qui le dit : le pouvoir est la "raison de vivre", "l’obsession commune" de ce "couple indissociable", a confié la semaine dernière Valérie Trieweiler au Parisien-Aujourd'hui en France .
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