L'empire des séries. L'invention du métier de "showrunner" avec Fanny Herrero
Chaque jour cet été, Laurent Valière vous fait entrer dans les coulisses de la fabrication des séries. Mercredi 20 juillet, "Dix Pour Cent" avec sa scénariste, l’auteur des trois premières saisons, Fanny Herrero et son métier : "showrunner".
Fanny Herrero était la showrunneuse de Dix Pour Cent, cette série prestigieuse française lancée sur France 2 et qui fait les beaux jours de Netflix à l’international. Un concept original repris dans le monde : des agents d’acteurs et leurs comédiens vaniteux ou exigeants, fantasques incarnées par de véritables vedettes. Showrunner, c’est un métier vraiment spécifique aux séries télé. Créé aux États-Unis. Les plus célèbres sont Damon Lindeloff, le showrunner de Lost ou David Chase, le showrunner des Soprano. Fanny Herrero l’est devenue en cours de fabrication de Dix Pour Cent, par nécessité: "J'ai commencé à travailler sur 'Dix pour cent' à la fin de l'année 2011 et je l'ai quitté à la fin de l'année 2018."
"J'ai travaillé pendant sept années de ma vie absolument à plein temps sur cette série et ce sont des années ou les pratiques dans le milieu des séries françaises ont pas mal bougé."
Fanny Herrerosur franceinfo
C’est la naissance en France du concept de showrunneuse. "Pendant très longtemps le scénariste écrivait juste les scénarios, puis après, il transmettait son scénario à un réalisateur qui venait réaliser mais qui ne demandait pas son avis. Sauf qu'on s'est rendu compte que sur des séries, où il y a pas mal d'épisodes et qui en plus doivent se tenir avec une cohérence du début jusqu'à la fin, c’est l'auteur qui détient tout. Il a l'histoire dans sa tête, il la connaît par cœur puisque c'est lui qui l'a inventée. Les réalisateurs, par contre, viennent faire un ou deux épisodes et puis ils s'en vont. Sur une série, c'est comme ça", déclare Fanny Herrero.
l’apparition du métier de showrunner, c’est un vrai changement avec les pratiques en France. La première année le directeur artistique, c’était Cédric Klapisch, le réalisateur de L’Auberge espagnole. "C'est super, il fait un travail formidable, mais moi, j'ai été un petit peu... J'avais fait tout mon boulot d'écriture et j'ai été très, très liée au casting et aux principaux choix artistiques. Mais il y a eu un moment en fait, où Cédric Klapisch a pris la main parce que c'était comme ça que l'on faisait à l'époque", clame Fanny Herrero.
Les frictions avec le réalisateur lors de la première saison pouvaient porter sur différents thèmes. "Est ce que cette scène, on la coupe ou pas ? Est ce que celle-ci est drôle ? Ou est ce que ça, ce n'est pas drôle ? Sur un point aussi idiot que dans une scène, moi je peux trouver ça drole mais vous vous pensez le contraire. Personne n'a raison et personne n'a peur. C'est un choix et donc à un moment, il faut bien que quelqu'un qui détienne ce genre de choix et qui, en cas de conflit, soit capable de trancher", conclut Fanny Herrero.
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