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A Hong Kong, elle tente de sauver une usine grâce à des cartes postales

C’est une étudiante en biologie marine qui et à l’origine de cette initiative sur Instagram. Pour demander au gouvernement d’annuler la délocation d’une usine de recyclage du carton, elle a enjoint ses abonnés à envoyer ces courriers fait-main au ministère.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une brique de jus cartonnée au format carte postale sur le compte Instagram d'Imsheeppoo. (CAPTURE D'ECRAN)

C’est une usine d'Hong Kong dans laquelle ni elle ni aucun membre de sa famille ne travaille. Le site tourne 24h sur 24 pas très loin de chez elle : une usine de revalorisation des déchets en carton, de recyclage que l’administration locale veut délocaliser loin, très loin. Trop loin d’après Sheep Poo, une étudiante en biologie marine, qui entend bien la faire rester sur place, dans sa ville, à Hong Kong.

Sheep Poo, ce n’est pas son vrai nom : elle l’explique dans une interview au journal South China Morning Post, elle veut rester anonyme, et vue la répression systématique mise en place ces dernières années sur toutes formes de manifestations dans la mégalopole, on comprend pourquoi. Pour autant, elle ne veut pas regarder les choses se faire sans rien dire. 

Spécialiste de l’impact des déchets sur les écosystèmes marins, elle a appris que l’usine Mil Mill, la seule à recycler le carton à Hong Kong, était sommée de fermer ses portes et rendre le site au gouvernement, son bailleur, en décembre. Sans justification particulière.

En conséquence, l’usine, qui transforme en pâte à papier jusqu’à 50 tonnes de déchets chaque jour pourrait continuer à le faire mais en s’implantant à Singapour, à 2 500 kilomètres de son emplacement actuel. Une "aberration écologique" d’après Sheep Poo qui a décidé de se mobiliser en inventant un geste simple : elle a pris une brique de jus cartonnée vide, elle l’a découpée au format carte postale et l’a envoyée au ministre de l’Ecologie, timbrée, avec la mention "sauvez l’usine de recyclage". Elle a montré tout ça sur son compte Instagram, et immédiatement ses milliers d’abonnés ont fait la même chose.

Depuis cinq jours, le mot clé "Hong Kong a besoin de Mil Mill" en anglais et en chinois a été repris des centaines de fois, les internautes se prenant en photo en train de poster leur carte, ce qui fait autant de brique de jus atterrissant au service courrier du ministère. "C’est facile à faire, explique Sheep Poo, et surtout c’est nécessaire parce qu’on doit continuer à gérer chez nous les déchets produits par nous". Pour l’instant, le ministre ne répond pas. Mais viendra un moment où, lui aussi, ne pourra plus faire comme s’il ne savait pas.

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