Désigné "arbre de l’année 2022", cet if anglais vieux de 500 doit-il être protégé comme un monument ?
Il est enraciné sur le site de l’abbaye de Waverley depuis un demi-millénaire, un édifice religieux qui est tombé en ruines alors que lui s’est développé et est toujours bien vivant. Le Woodland Trust qui organise le concours plaide pour protéger les vieux arbres autant que les vieilles pierres.
Il est enraciné depuis un demi-millénaire dans le sud de l’Angleterre, dans la région du Surrey, sur le site de l’Abbaye de Waverley, et il vient d’être désigné arbre de l’année 2022 au Royaume-Uni. Le concours est organisé tous les ans par l’association Woodland Trust et permet au gagnant de se qualifier pour le concours de l’arbre européen de l’année, où tous les ans au mois de mars, 16 pays s’affrontent.
Sachant que la France n’a pas encore désigné son candidat, les votes sont en cours jusqu’au 4 janvier 2023. Quinze finalistes sont à départager, pour l’instant c’est un hêtre pleureur qui fait la course en tête. Et pour s’inspirer, on peut s’arrêter un instant sur le profil du vainqueur anglais, un arbre qui a gagné parce que son histoire colle à celle de l’Angleterre.
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Cet if a été planté sur le site de l’abbaye de Waverley qui, en 1128, a été la première abbaye cistercienne fondée sur le territoire britannique. Les communautés de moines s’y sont succédées de siècle en siècles, ils y ont planté et entretenu un jardin, jusqu’en 1536 où le roi Henry VIII a décidé de rompre avec le catholicisme. En quelques mois, toutes les abbayes ont été abandonnées. Comme les autres, Waverley a été pillée, ses pierres emportées pour être réutilisée ailleurs, sa structure est tombée en ruines, mais l’if qui venait d’être planté, lui, s’est développé, et avec le temps il s’est littéralement installé sur les vestiges de l’abbaye, ses grosses racines noueuses recouvrant les pierres.
Un véritable patrimoine historique à protéger
Il semble presque assis sur le mur, et c’est ce contraste entre lui, arbre bien vivant, et les pierres abandonnées depuis 500 ans qui l’a fait gagner. Parce que ce conifère pose la question du patrimoine. Qu’est-ce qu’on englobe dans notre patrimoine ? Est-ce que ce ne sont que des châteaux, des églises, des œuvres d’art ? Pourquoi ne pas compter aussi les arbres, les forêts, les paysages ? Ça semble aller de soi, pourtant il y a deux ans, l’arbre anglais de l’année 2015, un poirier de 250 ans a été abattu parce qu’il était sur le tracé d’une future ligne à grande vitesse. D’où le message des organisateurs du concours : les vieux arbres sont de majestueux témoins du passage du temps, ils sont notre patrimoine, un patrimoine vivant qu’il est capital de protéger.
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