En Inde, Miss Jharkhand 2020 défile dans une décharge et interpelle les gouvernants sur les déchets
La vidéo a été postée sur Instagram et montre une montagne artificielle aux abords de la ville de Ranchi. Objectif : dénoncer les pollutions et intoxications engendrées par ces montagnes d’ordures et pousser les élus à réagir.
La vidéo tournée fin juillet fait parler d’elle cette semaine dans la presse indienne. Elle met en scène la mannequin indienne Surbhi, couronnée Miss Jharkhand (un État du Nord-Est de l'Inde) en 2020, dans la décharge de la ville de Ranchi. Elle pose en robe rouge écarlate et défile en sandales blanches sur cette montagne de déchets, des kilomètres d’ordures à perte de vue. Un site tellement impressionnant qu’à la fin de cette vidéo postée sur Instagram, ce n’est plus la femme que l’on regarde, mais la décharge, fascinante, effrayante, tout ce qu’on n'ose pas s’imaginer.
Et c’est justement pour nous obliger à regarder ce qu’il advient de tout ce que l’on consomme que le photographe Pranjal Kumar a eu l’idée de tourner cette vidéo, avec un drone, et en proposant à la Miss de poser pour donner tout son contraste au message.
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Le message, c’est qu’à Ranchi comme ailleurs en Inde, les poubelles et leurs contenus ne disparaissent pas. Chaque année là-bas, plus de 30 millions de tonnes de déchets sont envoyées dans des décharges aux abords des grandes villes. Les décharges sont toutes saturées, mais continuent d’accueillir encore plus de déchets, parce qu’on en déverse toujours plus chaque année et que les gouvernants préfèrent repousser à plus tard la résolution du fléau. Ce qu’on ne voit pas sur cette vidéo, c’est ce qu’a dû endurer la mannequin : une odeur pestilentielle, celle des émanations de méthane et d’ammoniac, que dégagent les ordures en décomposition, des fumées toxiques qui atteignent les logements et brûlent les poumons des habitants.
"Au départ, quand Pranjal m’a demandé si je voulais bien défiler sur la montagne de déchets, j’étais choquée, explique Surbhi au Times of India, je ne comprenais pas, et puis j’ai vu la puissance du message, le fait que l’on pouvait mettre en lumière un vrai sujet sociétal, sanitaire, environnemental, alors j’ai dit oui." Bien mal lui en a pris pourrait-on dire, puisque même avec une séance photo éclair d’une demi-heure, elle en est ressortie avec une maladie de peau qu’elle traine encore un mois après. Mais "l’objectif, dit-elle, en vaut la peine" : réveiller les autorités, les élus, mais aussi les consommateurs, les producteurs, les industriels, leur dire combien ces déchets empoisonnent, et les convaincre de réutiliser, réparer, recycler plus et consommer mieux, consommer moins.
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