États-Unis : 57 ans après avoir été exclu de son lycée pour une coupe afro, Otis Taylor, 74 ans, reçoit enfin son diplôme
C’est un jeune bachelier qui vient de décrocher son diplôme à 74 ans, soit 57 ans après s’être fait exclure de son lycée. Ça se passe aux États-Unis, à Denver dans le Colorado et le nom du principal intéressé devrait parler aux passionnés de blues puisqu’il s’agit d’Otis Taylor, guitariste et chanteur de renom qui vient d’ailleurs de sortir son douzième album mais qui depuis quelques jours est sur toutes les chaînes de télés pour tout autre chose que sa musique.
>> Aux États-Unis, les hommages pleuvent après la mort de Dave Brandt, le fermier star d’internet
Otis Taylor donc avait 17 ans en mars 1966, il était bon élève, assidu, discret, il ne lui restait plus que deux mois de lycée à faire avant de recevoir son diplôme de fin d’étude basé sur le contrôle continu quand la direction de l’établissement l’a convoqué pour lui imposer un ultimatum : c’était soit sa coupe de cheveux, soit son diplôme. Otis Taylor, jeune homme noir, portait, comme ça commençait à se faire à l’époque, une coupe afro, coupe à laquelle le directeur, donc, lui a intimé de renoncer. Sauf que le lycéen va dire non. "Ils voulaient que je coupe tout en échange de mon diplôme, explique-t-il à la radio NPR, mais j’ai répondu ‘je m’en fiche, au revoir, je n’irais pas à l’université, en revanche à la place je jouerai de la musique." Il a donc été exclu le jour même. Et immédiatement, il s’est lancé. Il va d’abord jouer pour les autres, de la guitare, du banjo, de l’harmonica, avant de sortir ses premiers albums, de décrocher ses premières récompenses, meilleur album de l’année du magazine Down Beat en 2002, meilleur interprète pour Living Blues en 2004.
Au fil des ans, plusieurs lois anti-discrimination sont entrées en vigueur, notamment, le décret Crown qui interdit toute discrimination en fonction de la texture de cheveux, décret qui a été adopté par une vingtaine d’états, dont le Colorado. "Et je pense, explique Taylor, que mon lycée a voulu réparer une injustice". Effectivement, c’est ce qu’a dit l’actuel directeur en lui remettant son diplôme devant tous les jeunes élèves, il s’agit de "réparer les erreurs du passé".
À la fin, Otis Taylor insiste sur le fait qu’il accepte cette réparation mais qu’il prend tout ça avec beaucoup de recul. Toute sa vie il a chanté les discriminations, le racisme, il a chanté ce que c'est que d'être un homme noir aux États-Unis, et à tous les journalistes qui lui demandent s’il a eu des regrets,
il répond : "Jamais, aucun, comment pourrais-je regretter d’avoir été moi-même?"
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.