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Guerre en Ukraine : devenue le visage du conflit, Olena Kurilo veut que l’on retienne une autre image d’elle

Sa maison près de Kharkiv a été détruite jeudi dernier et l’explosion l’a soufflée, lui laissant ce visage ensanglanté qui fait la une des journaux à travers le monde. Mais ce week-end, elle a diffusé d’autres images d’elle, celles de sa vie avant la guerre, pour monter l’absurdité du conflit.

Article rédigé par franceinfo, Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Olena Kurilo, 52 ans, habitante de Chuguev, dans la banlieue de Kharkiv (Ukraine) sur le compte YouTube d'Andalou Agency. (CAPTURE D'ÉCRAN)

Elle l’a répété à tous ceux qui l’ont immortalisée : "Jamais je n’aurais imaginé vivre pareille chose de toute ma vie." Olena Kurilo, 52 ans, habitante de Chuguev, dans la banlieue de Kharkiv dans le nord-est de l’Ukraine, a été vue partout, son visage surtout, ensanglanté, zébré par les éclats d’une explosion, les cheveux blonds enserrés dans un bandage de fortune, sous lequel point un regard clair, bleu, saisissant. Une photo que tous les journaux du monde ont publiée, et qui est passée sur toutes les télés, incarnant la soudaineté, la matérialité violente de la guerre.

Jeudi 24 avril, un missile a détruit sa maison alors qu’elle était à l’intérieur, dans une zone résidentielle de la ville. Comme d’autres, elle a été soufflée par l’explosion, et, comme le rapporte le Times, aux journalistes qui sont arrivés quelques minutes plus tard, Olena Kurilo a d’abord dit sa joie d’être en vie : "C’est incroyable, je dois vraiment avoir un ange gardien, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir survécu (…) en ouvrant les yeux, je me suis juste dit ‘Seigneur, je ne suis pas prête pour mourir’."

On lui demande ce qu’elle va faire, si elle compte partir, mais elle répond calmement que "non", qu’elle est née ici, qu’elle habite ici, que l’Ukraine est son pays et qu’elle veut résister "autant que possible à l’invasion de Poutine, je vais me relever, et je vais continuer, je ferai tout pour ma terre, tant que je le peux, tant que j’ai l’énergie pour le faire."

Et puis, les jours ont défilé, son témoignage a pris de l’ampleur. Et elle s’est retrouvée dépassée, voyant son image ensanglantée absolument partout. Alors aux énièmes reporters qui sont venus la voir, elle a montré autre chose : des photos d’elle avant la guerre, de sa vie de mère, d’enseignante en école primaire, dans son jardin entourée de ses fleurs, d'elle au milieu des roses, des marguerites, des grappes de raisins, dans la lumière des beaux jours. Une dizaine de photos disant un quotidien paisible où rien ne laissait présager une guerre. Olena Kurilo veut que l’on voit ça pour retrouver sa dignité, mais aussi pour montrer combien "cette guerre n’a aucun sens", pour dire qu’il faut un cessez-le-feu, et in fine pour faire gagner cette image-là, celle de la paix et des beaux jours.

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