Irak : Jamal Hussein, le calligraphe qui défend la grâce et l'harmonie de l'écriture arabe... entre deux travaux de maçonnerie
Jamal Rassoul Hussein, calligraphe, veut obtenir le soutien de l'Irak pour soutenir son métier. La calligraphie arabe vient d'être reconnue par l'Unesco au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Un quinquagénaire en photo, penché sur une table à dessins entourée de bacs de rangement en plastique. Jamal Hussein a les cheveux poivre et sel, des lunettes, et s'exerce à l'art calligraphique. La calligraphie arabe a été classée, la semaine dernière, par l'Unesco, au patrimoine culturel immatériel de l'humanité. La calligraphie arabe, Jamal Hussein l'a apprise dans les années 80. Et c'est peut-être dans l'un des bacs en plastique de son atelier, qu'il range la quarantaine de certificats et de médailles que depuis il a gagnés.
Ce qu'on voit aussi, sur la photo du calligraphe kurde de la ville irakienne de Raniyé, ce sont ses mains. La main gauche, tachée, tient un encrier, la droite un calame, cette tige en roseau taillée. Mais ce qu'on ne devine pas, c'est que ces mains-là, la plupart du temps, portent des parpaings, et érigent des immeubles. Parce que, dit Jamal Hussein au journaliste de l'AFP qui l'a rencontré, "l'art de la calligraphie ne nourrit plus son homme dans le monde contemporain." Ni son homme, ni sa famille. Jamal a onze garçons et filles. Alors, il fait le maçon, et espère que son gouvernement aidera et soutiendra les calligraphes comme lui.
La calligraphie arabe est menacée
La calligraphie arabe, dit l'Unesco, offre des possibilités infinies, même sur un seul mot. Elle est fluidité, harmonie, grâce et beauté. Elle est aussi sacralité, ajoute le calligraphe. Ou elle devrait l'être. La faute à la modernité."À cause de la technologie, la sacralité de la calligraphie a baissé", regrette Jamal Hussein. "Elle requiert plus de temps, plus d'efforts, elle coûte plus cher. Les gens vont vers une production technologique moins onéreuse", ajoute-t-il.
On imagine que le calligraphe met coeur et poésie dans les quelques travaux qui lui sont confiés. Quelques affiches, des devantures, des stèles funéraires. Il y a eu pourtant une époque où la calligraphie s'affichait sur des magasins, sur des murs, sur des plaques en cuivre à Beyrouth, Amman, Bagdad ou au Caire. Vous me direz que l'Unesco classe parfois des étrangetés. Les concours de fauchage d'herbe dans la région de Kupres, en Bosnie-Herzégovine, ou la culture du sauna en Finlande, mais la calligraphie arabe est aujourd'hui plus menacée que le sauna. Voilà pourquoi Jamal Hussein demande le soutien de l'État.
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