Kim Gwang-ho, un lanceur d’alerte, a reçu 24 millions de dollars pour avoir signalé des moteurs défaillants chez Hyundai
Face au déni de son employeur, Kim Gwang-ho, ingénieur sécurité chez Hyundai, avait alerté les autorités coréennes et américaines, il y a cinq ans. Cette compensation financière lui est versée au titre des risques qu’il a pris pour révéler ce que son employeur voulait garder secret.
C’est l’épilogue de cinq années de bataille judiciaire. Kim Gwang-ho, ingénieur sud-coréen de 56 ans, vient de recevoir de la part de la National Highway Traffic Safety Administration (NTHSA), l’autorité de sécurité automobile des États-Unis, une compensation de 24 millions de dollars pour l’avoir alertée sur la défaillance des moteurs de certains modèles de la marque Hyundai, son ex-employeur. C’est une première, c’est l’application d’une loi passée en 2015 qui permet de récompenser les lanceurs d’alerte dont les révélations concernent la sécurité automobile.
Kim Gwang-ho, lui, n’avait pas prévu d’en arriver là. En 2016, lui qui travaille comme ingénieur sécurité chez Hyundai, le groupe sud-coréen, il remarque que certains moteurs des marques Hyundai et Kia chauffent vite, trop vite, au point de prendre feu. Il le signale à son supérieur, puis à la direction, qui choisit d’étouffer l’affaire.
Whistleblower Alert: First-ever award for reporting defects to auto safety regulators is awarded to Hyundai whistleblower represented by @CCWhistleblower.https://t.co/WAgpq4RLIQ#auto #motor
— Constantine Cannon Whistleblower Team (@CCWhistleblower) November 9, 2021
Sauf que les modèles sont déjà en circulation en Corée du Sud et aux États-Unis. Malgré la culture d’entreprise coréenne qui veut qu’un ordre ne soit jamais questionné, l’ingénieur décide de parler. Il informe à la fois le ministère des Transports coréen et la NTHSA américaine, les États-Unis étant le deuxième plus gros marché de Hyundai. Sans surprise, Kim Gwang-ho est licencié, mais rapidement, plusieurs cas de voitures en feu commencent à faire la une des journaux.
En 2017, le gouvernement coréen ordonne le rappel de 240 000 véhicules. En 2018, le président Moon-jae remet au lanceur d’alerte la médaille du mérite. Et en 2020, aux États-Unis cette fois, l’autorité de sécurité routière condamne le constructeur automobile à régler une amende de 210 millions de dollars pour ne pas avoir rappelé les 1,6 million de véhicules concernés.
"Je suis heureux d'avoir été justement compensé pour les risques que j'ai pris (...) j'espère maintenant que ces révélations vont inciter l'industrie, et pas seulement Hyundai, à faire de vraies évolutions en terme de sécurité."
Kim Gwang-ho, ancien ingénieur chez Hyundaidans un communiqué de presse
Cette semaine, c’est donc une petite partie de ces 210 millions de dollars qui reviennent à Kim Gwang-ho, 24 millions versés indirectement par Hyundai à son ancien employé. La marque affiche un chiffre d’affaire de plus de 30 milliards de dollars. La compensation n’est donc pas là pour lui porter préjudice. Elle sert surtout à envoyer un message à ceux qui savent mais n’osent pas alerter, de peur de perdre leur emploi et de ne pas pouvoir en retrouver. Kim Gwang-ho plaide désormais pour que toute l’industrie, pas seulement Hyundai, change de modèle, et mette la sécurité avant les gains.
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