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"La Servante Ecarlate" : contre la censure, Margaret Atwood sort une édition résistante aux flammes de son best-seller

L’écrivaine canadienne de 82 ans vient, avec son éditeur Penguin, de mettre cette édition très spéciale aux enchères chez Sotheby’s. Les gains seront reversés à l’association Poets essayists novelists (Pen) qui défend les auteurs victimes de censure partout dans le monde.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Margaret Atwood, auteur canadienne. (ANGELA WEISS / AFP)

C’est ce qui s’appelle faire un pied de nez à la censure, et précisément à la censure aux États-Unis, où de plus en plus d’établissements, bibliothèques, écoles, interdisent des livres, les retirent des rayons parce que leur contenu gène les conservateurs. En 2021, l’Association des bibliothèques américaines a recensé 330 signalements, une hausse sans précédent d’être l’institution. Parmi ces livres se trouve souvent celui de la romancière canadienne Margaret Atwood, La servante Ecarlate, succès mondial depuis sa publication en 1985, adapté en film, en série, et vendu à plus de huit millions d’exemplaires.

Dans ce récit de science-fiction, les États-Unis sont devenu un régime autoritaire dans lequel les femmes sont asservies, enfermées, et obligées pour les plus fertiles de procréer, de faire un maximum d’enfants donnés ensuite aux épouses des dirigeants du pays. Ce récit est l’un des plus souvent visés par la censure des réactionnaires, pour répondre aux attaques, Margaret Atwood a décidé de sortir une édition limitée de son œuvre, une édition ignifugée, résistante au feu des autodafés.

Dans une courte vidéo, elle se met en scène avec humour tentant d’attaquer son livre avec un lance-flammes, en vain, car "La puissance des mots, dit le sous-titre, ne s’éteint jamais." C’est malin, cela prête à sourire mais ça n’est pas qu’un gadget puisque cette édition est mise aux enchères chez Sotheby’s à New York jusqu’au 7 juin. Objectif : reverser les bénéfices à l’association Pen, une structure qui défend les auteurs, écrivains, dessinateurs victimes de censure partout dans le monde.

En quelques heures, les enchères ont atteint 45 000 dollars. Et à lire les félicitations et commentaires, on comprend qu’il y a là bien plus que la vente d’un objet de collection. Au fil des ans, Margaret Atwood est devenu une figure, un phare dans la défense des droits des femmes, des droits des minorités en général, du droit de disposer de son corps surtout. La semaine dernière elle a encore publié une tribune pour défendre l’IVG, l’avortement mis en cause par la Cour Suprême américaine et que vient d’interdire ce jeudi, purement et simplement, l’Oklahoma.

Mais à 82 ans, elle préférerait laisser la place à la relève : "Je veux bien tenir la barre autant que possible, dit-elle au Guardian, mais je serai bientôt morte, alors bonne chance avec tout ça !" Manière de rappeler que rien n’est jamais acquis, et qu’il faudra toujours d’autres Margaret Atwood pour défendre les droits conquis, aux États-Unis, comme partout.

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