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Miss Rwanda : première candidate sourde du concours, Jeannette Uwimana, veut promouvoir la langue des signes

Elle s’est rendue aux auditions avec sa meilleure amie qui a assuré la traduction en langue des signes pour qu’elle puisse communiquer avec le jury, et ça a marché. A 26 ans, elle est la première femme sourde à aller en finale et espère bien populariser la langue des signes.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Jeannette Uwimana, sourde, candidate à l'élection de Miss Rwanda sur le compte Twitter de la BBC. (CAPTURE D'ECRAN)

Elle n’a pas encore gagné, elle est dans la liste des 20 finalistes, mais au jeu de la popularité, elle a d’ores et déjà accumulé pas mal de points. Et pour cause : Jeannette Uwimana, 26 ans, est la première candidate à Miss Rwanda à être sourde et muette. Son portrait est dans toute la presse rwandaise : "C’est un rêve d’enfant, confie-t-elle au journaliste du New Times, parce qu’adolescente, je regardais chaque année le concours à la télé, et je me disais qu’un jour, j’y serai."

Jeannette Uwimana est née dans la province de Nyanza, au Sud, quatre ans après la guerre civile et le génocide qui ont déchiré le Rwanda. Seule fille d’une fratrie de sept, elle est venue au monde sans percevoir aucun son, sourde de naissance, puis muette, et, en même temps, extrêmement précoce. À l’école, elle brille en mathématiques et en science en général. Elle est d’ailleurs diplômée en maths, économie et science informatique. C’est en finissant ses études qu’elle s’est dit qu’il était temps de tenter sa chance.

Sa famille la soutient, mais quelques amis affichent leur pessimisme, la découragent, lui disent surtout qu’elle ne pourra pas dialoguer avec les juges, parce qu’au Rwanda, comme ailleurs, seuls les sourds pratiquent la langue des signes. Alors elle décide de prendre les choses en main, et de se rendre à l’audition avec son amie d’enfance, Faïna, à qui elle a appris la langue des signes pour qu’elle soit son interprète. Et ça marche.

Sa détermination, son allure, son érudition frappe le jury qui la sélectionne d’abord au niveau régional, puis il y a quelques jours pour la finale, une grand-messe qui sera retransmise à la télé dans une semaine. "Sachant, confie-t-elle à la BBC, que j’ai tout pour gagner, pas seulement la beauté, mais aussi le cerveau et le savoir, ma culture." Ce qu’elle a aussi, c’est le pouvoir de mettre en lumière le fait qu’être sourd n’est une barrière que si une société le décide.

En concourant, Jeannette Uwimana espère populariser la langue des signes, inviter tout le monde à l’apprendre. Et surtout, elle espère être jugée comme les autres, pas en tant que sourde, mais sur les mêmes critères que toutes les participantes, sur son allure et son érudition.

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