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Nemonte Nenquimo, cheffe des Waoranis en Equateur, sacrée par Time parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde

Sa lutte victorieuse contre l’Etat équatorien et les pétroliers pour protéger sa forêt en 2019 est saluée par le magazine américain, mais la jeune cheffe des Waoranis déplore l’inaction des dirigeants occidentaux pour protéger l’Amazonie et la planète en général.

Article rédigé par franceinfo, Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Nemonte Nenquino, cheffe des Waoranis en Equateur, le 13 février 2020 à Quito (JOSE JACOME / EFE)

Le magazine américain Time vient de la nommer parmi les "personnalités les plus influentes du monde en 2020", pour saluer sa lutte victorieuse il y a un an contre les multinationales qui pillent l’Amazonie. Nemonte Nenquimo, 35 ans, aurait pu s’en réjouir, célébrer le titre, mais non. En réalité, elle enrage. Parce que, pendant que son visage fait la une de la presse mondiale, sa forêt est grignotée de toutes parts par divers appétits voraces.

Elle a donc écrit une lettre, que publie le Guardian, à l’adresse des présidents des neufs pays qui se partagent l’Amazonie, dont Emmanuel Macron puisque la forêt équatoriale occupe 97% de la Guyane. Et voici ce qu’elle dit : "J’écris parce que les incendies font toujours rage, les compagnies pétrolières polluent toujours nos rivières, les mineurs pillent toujours l’or, comme depuis 500 ans, laissant derrière eux boues et déchets toxiques, les arbres sont toujours coupés pour faire paitre du bétail qui vous nourris, et enfin, pendant que vous planifiez la reprise d’une économie mondiale dont nous n’avons jamais bénéficié, nos anciens meurent désormais du coronavirus, maladie que vous avez propagée."

Le mode de vie occidental est une menace pour toutes les formes de vie sur Terre.

Nemonte Nenquimo, cheffe du peuple Waoranis

dans The Guardian

C’est un réquisitoire implacable et sombre. Pourtant Nemonte Nenquimo est une femme optimiste. C’est elle qui a redonné espoir à son peuple, les Waoranis, prouvé que les peuples indigènes pouvaient faire valoir leurs droits, poursuivre un Etat en justice pour spoliation de terre et gagner, démontré qu’il n’y a pas de fatalité. Et puis, à l’étranger, celle qu’on surnomme "Nemo" a ajouté un autre visage, une autre voix à celle du cacique Raoni pour défendre l’Amazonie, affirmant qu’il y a aussi des jeunes qui y fondent des familles et y voient leur futur, simplement, en harmonie avec leur environnement, sans envie d’émigrer, de fuir vers les lumières de la ville.

"La forêt, dit-elle, c’est tout pour les Waoranis : nourriture, refuge, médecine, source de bonheur et de sens aussi." Encore faut-il qu’il y ait des arbres, que l’eau reste potable et l’air pur. Pour que sa fille de 5 ans puisse y faire sa vie, et d’autres après elle. Et c’est la note d’espoir qui conclue sa lettre : le souhait que les dirigeants politiques comprennent enfin que son combat n’est pas juste pour une tribu, mais pour l’humanité entière, que l’on apprenne plutôt que l’on prenne. Alors écoutons-la.

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