Norvège : Freya, la femelle morse dont l’abattage avait choqué le monde entier a désormais sa statue à Oslo
"Nous devons apprendre à coexister" : la sculptrice Astri Tonoian est norvégienne, elle entend bousculer notre regard sur la vie sauvage et pour ce faire, sa dernière œuvre rend hommage à un morse. Une femelle morse, précisément, qui avait fait la Une de l’actualité l’été dernier en Norvège. C’était au milieu du mois de juillet, pendant plusieurs semaines, ce mammifère massif, qu’on reconnait grâce à ses longues défenses et ses moustaches, avait élu domicile sur le port d’Oslo, en pleine saison touristique, attirant nombre de curieux tous obnubilés par l’idée de prendre une photo d’elle, avec elle, de la filmer, d’essayer de la toucher pour les plus inconscients.
Face à tout ce stress, la femelle morse, qui entre temps s’était vu attribuer le prénom Freya, a commencé à monter sur les bateaux pour fuir l’agitation des quais, faisant chavirer les plus petites embarcations, renversant du mobilier sur les plus gros, dégradant les ponts et passerelles. À tel point qu’au bout d’un mois, les autorités portuaires ont décidé de l’euthanasier, de l’abattre. De la tuer. "Menace persistante pour la sécurité humaine, disait le communiqué, et impossibilité de garantir le bien-être de l’animal". Une décision qui a choqué en Norvège, et bien au-delà.
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Partout dans le monde, internautes, éditorialistes, associations se sont émus. N’aurait-on pas pu faire autrement ? Interdire aux passants d’approcher ? Mettre des amendes aux inconséquents ? Fallait-il forcément que ce soit l’animal qui paye pour l’attitude des humains ? Pour rendre hommage à Freya, Astri Tonoian a donc réalisé une statue d’elle, en bronze grandeur nature, payée non pas par la mairie mais par des milliers d’anonymes via une cagnotte en ligne.
L’œuvre vient d’être installée sur le quai de la Kongen Marina à Oslo, tout près du lieu où l’animal a été euthanasié, et l’effet visuel est saisissant tellement elle semble vraiment dormir sur son socle. "Et c’est l’effet recherché, explique Astri Tonoian au New York Times, je l’ai faite aussi réaliste que possible, d’abord pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance de la voir et ensuite pour ouvrir la conversation, pour qu’on s’interroge sur nos réactions à nous, humains, face à ce qu’on ne connait pas." Astri Tonoian parle d’apprendre à connaitre l’inconnu, pour changer de perspective et parvenir à coexister avec tous les êtres, animaux, plantes, et évidemment aussi les autres humains.
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