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Olivier Mas : l'ex-espion qui éclaire le monde obscur des agents clandestins

Un ancien espion français, qui travaillait pour la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)raconte dans un livre ses missions à travers le monde.

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les locaux de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)  à Paris. Photo d'illustration. (MARTIN BUREAU / AFP)

Il s’appelle Olivier Mas, même si ce n’est pas son vrai nom, et il vient d’écrire :  J’étais un autre et vous ne le saviez pas aux éditions de l'Observatoire.
Pendant 17 ans, il a travaillé à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), le service de contre-espionnage français, et une partie de sa vie d’espion s’est déroulée dans la clandestinité. Il était l’un de ceux que son service envoyait à l’étranger, sous fausse identité. Pour les amateurs de séries, Olivier Mas émargeait au "Bureau des légendes".

Mais, et là ce n’est pas comme dans la série, la vie de clandestin, écrit-il, manque parfois cruellement d’éclat. Pourtant, l’ex-espion confesse le plaisir d’être un autre. La satisfaction intense de faire disparaître son véritable moi, tout en reconnaissant la douleur d’être un autre, l’épuisement à penser en double et à mentir, tout le temps, le mensonge est permanent. "Une couverture ne se quitte jamais, écrit-il, même pendant le sommeil." Même le corps doit cacher qui on est réellement, le clandestin doit se "désilhouetter". Pour le narrateur, par exemple, il a fallu perdre son maintien "droit comme un 'i', son allure guindée qui trahissait ses origines d’officier de cavalerie".

"Mon vrai moi était mieux que le faux"

Olivier Mas se moque un peu des films où la "légende" du héros lui est présentée toute faite, dans une enveloppe, papiers d’identité et biographie à apprendre par cœur, avant de tout jeter dans les toilettes. Une légende, comprend-t-on à la lecture, se crée des mois, voire un an en amont. Faux nom, faux bureau, faux messages... Plus la préparation se prolonge, plus le clandestin sera en mesure de résister à des contrôles de routine. Ou à ne pas réagir quand, au détour d’une rue dans une ville improbable, vous tombez sur quelqu’un qui vous connait, et vous reconnait, ce qui, affirme Olivier Mas, est assez fréquent, suffisamment pour que ça lui soit arrivé.

Un clandestin pense pour deux, mais avec un seul cerveau. C’est un schizophrène professionnel, à qui parfois, la vie sous couverture apporte plus de satisfaction que la vraie. Ce qui n’a jamais été le cas d’Olivier Mas, puisque, comme il le dit, "mon vrai moi était mieux que le faux." Et il esquisse le portrait d’une légende qu’il a utilisée, celle d’un prof trentenaire un peu désabusé, allant chercher dans l’humanitaire l’occasion de se réaliser.

Le livre mêle cinq histoires de clandestins, hommes et femmes, français, israélien, russe ou américain, plus celle du narrateur. Six expériences, quel que soit le service, Mosssad, CIA, KGB ou DGSE, assez semblables au fond, dans ce métier particulier où il faut, selon Olivier Mas, adopter la stratégie du canard. Toujours calme en surface, quand les pattes s’agitent furieusement en dessous.

Un métier surtout, l’espionnage, qui est le plus vieux métier du monde. Pas la prostitution, car comme l’a appris un instructeur à Olivier Mas, avant de rencontrer la prostituée, il faut d’abord savoir où elle se trouve.

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