Oscars 2023 : qui est Sarah Polley, cette réalisatrice qui met en avant le bien-être de ses équipes de tournage ?
Les Oscars, la grand-messe du cinéma américain se tiendra ce dimanche 13 mars à Los Angeles, et la canadienne Sarah Polley, 44 ans, est en lice pour deux prix : meilleur scénario et meilleur film. La réalisatrice voulait pourtant prendre du champ et ne plus faire de cinéma, elle qui a commencé sa carrière à 6 ans.
Dans les années 1980, Sarah Polley était l’enfant chérie du Canada, pétillante tête blonde dans de multiples séries télés et films Disney. Elle a enchainé les rôles pendant trente ans, jusqu’à passer à la réalisation, puis rapidement dire stop : trop de pression, trop de stress. À chaque film, la même rengaine : tourner plus vite, rentrer trois journées dans une, renoncer à sa vie de famille pendant des semaines.
Parole aux femmes
Après son troisième enfant, Sarah Polley a donc fermé la porte. "Je ne voulais plus être celle qui disparait à chaque film, dit-elle au magazine People, je ne pouvais pas continuer à faire ce métier et en même temps être présente pour mes enfants." Elle s’est donc consacrée à sa famille, à être là à la sortie de l’école, au diner, les week-ends. Jusqu’au jour où Frances Mc Dormand, l’actrice au trois Oscars, star de Nomadland, est venu frapper à sa porte en 2019. Elle voulait que ce soit elle, Sarah Polley, qui réalise son film, Women talking, le long-métrage nommé ce dimanche et qui met en scène, dans une communauté religieuse, des femmes violentées, harcelées, exploitées par leurs maris qui décident de se parler, se concerter pour prendre une décision et définir quoi faire.
Des journées de travail adaptées
Près de six ans après l’émergence du mouvement "#MeeToo", l’idée est on-ne-peut-plus parlante. Sarah Polley a donc donné son accord mais seulement "si l’on adapte la vie sur le plateau au message du film " : pas de gestion tyrannique, pas de cris, pas d’horaires à rallonge, pas de chantage au budget. Ce qui fut fait.
Avant le tournage, les emplois du temps ont été établis en fonction des besoins de chacun, actrices, acteurs, équipe technique : plus de pauses pour les uns, la possibilité d’aller chercher les enfants à l’école pour d’autres, et globalement des journées de travail réduites, en tout cas bien en dessous des 16 heures par jour standard sur les plateaux de tournage.
Pour cette initiative, l’hebdomadaire People nomme Sarah Polley dans sa liste des femmes qui changent le monde. Et c’est aussi ce que récompense en creux sa double nomination aux Oscars : "c’est la preuve que les films ne sont pas bâclés, sabotés, quand on créé un environnement de travail plus humain. Bien au contraire."
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