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L'expérience Vendée Globe : Semaine 5

Seize micros embarqués à bord de "LinkedOut", le bateau de Thomas Ruyant. Une installation de l'artiste Molécule qui offre une première mondiale : raconter le tour du monde à voile par l'audio. À vivre tous les jours de la course sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Coucher de soleil sur l'océan Indien au sud de l'Australie (Thomas Ruyant / TR Racing)

Latitude 44°52' SUD au large de la grande baie australienne. La température est de 8 degrés dans l’air, 10 dans l’eau, et la mer forme des creux de deux mètres.

Cinq semaines écoulées dans cette course du grand large et Cap  Leeuwin franchi hier par Linkedout, cinq semaines pile après le départ de la course. Leeuwin (la lionne) doit son nom à un des navires néerlandais du XVIIème siècle qui cartographiait l’Australie. Pour les skippers du Vendée Globe, c’est un passage certes symbolique mais contrairement aux idées reçues, il ne marque ni les deux tiers de la course, ni l’entrée dans le Pacifique. La fin de l’Indien surgira au large de la Tasmanie.

L’ensemble de la course est aujourd’hui dans l’océan indien. Les derniers ont passé la pointe africaine du cap de bonne Esperance ce week-end. Une pensée pour Fabrice Amedeo contraint à l’abandon en raison de problèmes informatiques qui rendait son bateau aveugle et le privait de cartes météos. Fabrice a débarqué au Cap, avec toute la déception que l’on imagine.

A l’avant, Linkedout tient toujours. Le trio de tête a profité d’une dépression générant un flux de sud-ouest qui permet de naviguer à pleine vitesse. Charlie Dalin et Yannick Bestaven ont des vitesses moyennes qui dépassent les vingt nœuds, alors que Thomas Ruyant handicapé par l’absence de son foil babord tient un rythme de 19 nœuds. On entend dans l’expérience sonore de ce lundi le bateau fuser grâce à Thomas particulièrment concentré :

« Ca va vite, et ce n’est pas si facile, car il y a pas mal de grains encore. On accompagne la dépression, on est dans le ciel de traîne, ça tourne entre 18 et 30 nœuds de vent, il faut être à la régulation pour aller vite. Je reste à proximité des winches et de la colonne.  Je n’en peux plus d’être sur le mauvais bord ! Je suis content de faire de belles moyennes, la mer est formée, j’arrive à m’en sortir même si je sens que le bateau démarre moins vite et demeure moins véloce. J’utilise les ballasts et je charge le bateau en termes de voilure pour tenir la cadence. J’arrive à ne pas me faire décrocher. Je suis dessus, je ne lâche pas, j’essaie de rester dans le paquet.  Mais le vent varie beaucoup en force et en direction. La nuit, ça caille ! Je mets plusieurs couches de polaires et de pulls et je dors avec une couette. Mon cockpit est fermé donc dans le cockpit et dans le bateau, il fait bon. Nous allons descendre sous les 50eme bientôt, et là ça va cailler sérieusement. Géographiquement, nous sommes toujours dans l’océan Indien et je suis impatient de doubler la longitude de la Nouvelle-Zélande, d’être dans le Pacifique que je ne connais pas. J’ai eu mon lot de galères, et maintenant tout va bien ! J’espère que dans le Pacifique on aura une houle rangée et de belles glissades. Je savoure maintenant ces journées dans le grand Sud. »

Le ciel est beau, les journées très longues, le soleil se couche et se lève. Le jet lag est permanent. Or, dans un Vendée Globe, il est vital de rester lucide et de ne pas se laisser étourdir

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