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L’expérience Vendée Globe : jour 22 (jour de sauvetage)

Seize micros embarqués à bord de "LinkedOut", le bateau de Thomas Ruyant. Une installation de l'artiste Molécule qui offre une première mondiale : raconter le tour du monde à voile par l'audio. À vivre tous les jours de la course sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
A bord de Linkedout (THOMAS RUYANT / TR RACING)

Latitude 41°19'SUD au large du Cap, Afrique du Sud. Température de l’air : 11 degrés. L’eau est à 14 degrés.

Jour de survie. Jour de sauvetage. Kevin Escoffier sauvé par Jean Le Cam au cœur de la nuit. "Je suis désolé pour toi Jean, tu fais une course de barjot et je t’ai tout fait niquer et tu te déroutes pour venir me chercher". Le skipper de Yes WeCam réplique : "Arrête, la dernière fois, c’est PRB qui est venu chercher !"

Jean Le Cam se réfère à 2009 quand au large du Cap Horn, Vincent Riou sur PRB lui avait porté secours. Et aujourd’hui, ironie du sort, c’est PRB qui prend l’eau et voit WeCam voguer à sa recherche. Kevin Escoffier en ligne avec son équipe s’excuse encore : "Je suis désolé pour le bateau, j’ai fait ce que j’ai pu pour le sauver mais c’était impossible." La réponse à terre vient du président de PRB : "Zen, Kevin tout ça c’est du matériel, tu es sain et sauf c’est l’essentiel !" Le skipper malouin secoue la tête : "J'ai fait tout ce que j’ai pu", et Jacques Caraës, le directeur de course, évoque la compétence des deux marins. Mais il faut aussi saluer la coordination à terre des protocoles de secours qui ont donné les instructions à Jean Le Cam à partir des simulations de dérive de Météo France, la position de la balise. Le terme "héroïque", même si les marins le récuseront, n’est pas trop fort pour décrire ce sauvetage hors norme au cœur de la nuit et dans une mer démontée

Tout a été soudain, brutal hier après-midi. PRB est monté perpendiculaire à la mer, puis s’est cassé en deux : "C’était pire que dans les films." Tout juste le temps de lancer un sms, de déclencher la balise de détresse, lancer à la mer le radeau de survie et d’enfiler la combinaison qui va avec. Le radeau en question, c’est un engin gonflable comme une grande bassine avec une toile de tente dessus. Autant dire des conditions rudimentaires dans les 40èmes rugissants qui génère des creux de quatre mètres dans lequel Kevin Escoffier aura patienté dix longues heures.

Kevin Escoffier va rester à bord avec Jean Le Cam. Remonter vers l’Afrique du Sud serait trop dangereux. Le vent et les courants sont forts. WeCam va donc poursuivre sa route, entrer dans l’océan Indien. Le débarquement se fera au large de l’archipel de Crozet, près des terres australes et antarctiques où croise la frégate de surveillance Nivose engagée dans une mission de surveillance d’un sanctuaire de biodiversité.

Et les autres skippers, Thomas Ruyant compris, ont tous retenu leur souffle dans ces heures de recherche dans un moment où le vent ne retenait pas le sien. Les micros de Molécule sont pris dans les rafales. La violence des chocs dans cette zone au large de Cape Town s’entend contre la coque de Linkedout. Son foil tronqué, le bateau doit reconfigurer son mode de navigation, le vent vient de droite et tape fort.

Comme le disait Thomas au départ du Vendée Globe, "j’ai accepté d’embarquer les micros et de raconter la course de l’intérieur par le son, parce que personne n’imagine ce que sont réellement les conditions à bord et ce qu’est notre métier."

Au vu de cette nouvelle séquence et des évènements de la nuit, on veut bien le croire.

L’expérience Vendée Globe

Voix et Son : Molécule

Mixage Djaisan Taouss @radiofrance

Texte et rédaction en chef : Eric Valmir

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