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A Sete, trois ferries à la dérive

Depuis cinq mois environ, trois ferries marocains sont bloqués dans le port de Sète.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Vous ne pouvez pas les rater. Dans le port de Sete, on les voit de loin : trois grands ferries sont amarrés depuis le début du mois de janvier. Le "Marrakech", le "Bni'sar" et le "Biladi" sont immobilisés. Ils font l'objet d'une saisie. Leur propriétaire n'a pas payé ses dettes. Il s'agit d'une compagnie marocaine, la Comanav-Comarit. Son nom est inscrit en lettres géantes sur le flanc des bateaux.

A bord des navires, environ 200 membres d'équipages sont bloqués, eux aussi, depuis cinq mois. Dans le journal Le Monde, Florence Aubenas raconte leur vie de plus en plus précaire : "Faute de fioul, tout s'arrête peu à peu. Les lumières s'éteignent (...) Le soir, les hommes s'éclairent avec des bougies fichées dans des goulots de bouteille. Il n'y a plus du tout d'eau chaude, presque plus d'eau froide, les toilettes sont condamnées". La nourriture est de plus en plus rare : parfois, seulement du pain et des boites de thon.

Pourtant, ces navires ont un passé glorieux. Surtout le "Marrakech". Pour les Marocains qui s'en souviennent, il reste le "bateau du roi". Quand Hassan II était au pouvoir, il avait l'habitude de réquisitionner le ferry. Il embarquait pour Alger ou pour Tripoli ; la suite royale était installée à bord, trône compris. C'était dans les années 1970. Depuis, Hassan II est mort, et le bateau a changé de main.

Mais il a gardé son utilité, comme les deux autres d'ailleurs. La liaison entre Sete et le Maroc est importante. Au moment des vacances, beaucoup de familles marocaines installées en France empruntent ces navires. Chaque année, à Sete, 200.000 personnes embarquent à bord des ferries. Pour ces habitués, une solution a été trouvée : le gouvernement marocain vient d'accorder une licence à une compagnie italienne ; elle assurera la liaison, avec ses propres bateaux.

Cela ne règle pas le sort des trois grands ferries. Dans Le Monde, Florence Aubenas décrit des salariés désemparés. Il y a quelques mois, encore, ils pouvaient envoyer de l'argent à leur famille, au Maroc. Aujourd'hui, c'est fini. Sans salaire, sans perspective, ces hommes et ces femmes attendent. Dans le port de Sète, ils ont l'impression de vivre un naufrage.

Pour découvrir en images ces trois bateaux : le site du monde.

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