Affaire Al-Dura : Israël met en cause le journaliste Charles Enderlin
Depuis le 30 septembre 2000, ce reportage provoque un bras de fer. Les images ont fait le le tour du monde : nous sommes dans la bande de Gaza, pendant la deuxième Intifada. Un Palestinien de 12 ans, Mohammad Al-Doura, est pris sous les tirs croisés des soldats israéliens et des combattants palestiniens. Il est terrifié. Il se réfugie dans les bras de son père, et il meurt, devant la caméra de France 2.
Dans un premier temps, Israël s'excuse pour la mort de l'enfant. Puis les autorités changent d'avis. Elles affirment que les combattants palestiniens sont responsables de sa mort. Et depuis hier, elles clament que Charles Enderlin, le journaliste France 2, a donné une fausse version des événements. C'est le résultat d'un rapport commandé par Benyamin Netanyahu. Que dit-il ? Que Mohamad Al-Dura n'a pas été tué : "le visionnage des scènes non montées montre que dans les scènes finales, qui n'ont pas été montrées par France 2, on voit l'enfant vivant (...) Il y a de nombreuses indications selon lesquelles ni le père ni l'enfant n'ont été touchés". La commission ne dit pas comment elle s'est procurée ces images non diffusées. Pour le premier ministre israélien, une chose est sûre : selon Benyamin Netanyahu, le reportage a servi " d'inspiration et de justification au terrorisme, à l'antisémitisme et à la déligitimation d'Israël".
Ce n'est pas du tout la première fois que Charles Enderlin est attaqué. Depuis plusieurs années, en France, Philippe Karsenty, le fondateur d'un site d'observation des medias, Media-Ratings, accuse le journaliste de "supercherie". Selon lui, le reportage n'est qu'une "série de scènes jouées". Le reporter poursuit Philippe Karsenty pour diffamation. Après plusieurs épisodes judiciaires, la Cour d'appel doit finalement se prononcer cette semaine.
Le gouvernement israélien a choisi ce moment pour lancer ses accusations. Charles Enderlin répond sur son blog. Il dénonce une "enquête unilatérale", et il souligne plusieurs points importants. D'abord la commission d'enquête ne l'a pas contacté. Elle n'a pas non plus sollicité France 2, ni le caméraman palestinien qui a filmé la scène. Elle n'a pas non plus interrogé le père de l'enfant, Jamal Al-Dura. Ensuite, Charles Enderlin s'étonne : pourquoi le rapport israélien ne mentionne-t-il pas l'hospitalisation de Jamal Al-Dura en Jordanie, et la visite du roi Abdallah qui était venu à son chevet ? Le reporter répète ce qu'il a déjà dit. Il est prêt à participer à une enquête, à condition qu'elle soit indépendante.
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