En Turquie, le pianiste Fazil Say défie les islamistes
Le pianiste, qui est connu dans le monde entier, a utilisé le réseau social pour proclamer son athéisme. Il ne croit pas en Dieu ; il le dit, et il se moque même des religieux. Des élus conservateurs protestent publiquement. Dans une interview à la presse turque, cette semaine, Fazil Say leur répond. Il annonce qu'il va s'exiler au Japon.
La Turquie a une longue tradition de laïcité. Mais depuis dix ans, depuis que le parti AKP est au pouvoir, les tensions religieuses sont ravivées. Dans le Figaro, ce matin, Thierry Hillériteau raconte le bras de fer entre le pouvoir et le pianiste, devenu un porte-parole des défenseurs de cette laïcité. En 2007, le ministre de la culture censure une oeuvre de Fazil Say, qui est aussi compositeur. L'année suivante, les conservateurs font annuler la représentation d'une autre pièce, dédiée à un poète exilé. Quand le pianiste donne des interviews et qu'il s'inquiète de la poussée islamiste, il reçoit des centaines de lettres d'injure et même des menaces de mort. En 2010, l'affrontement dépasse les frontières de la Turquie ; il se joue à Paris. Cette année là, la France organise l'année de la Turquie. Fazil Say donne plusieurs concerts au théâtre des Champs-Elysées. Mais il refuse que ces spectacles soient associés aux célébrations officielles. Il veut incarner une autre Turquie.
Le bras de fer est de plus en plus violent. Après l'affaire des tweets, un tribunal d'Istanbul ouvre une enquête. L'artiste réagit : "je suis peut-être la seule personne au monde, dit-il, à faire l'objet d'une enquête pour avoir déclaré mon athéisme". Le risque est réel. Le Figaro rappelle que la loi turque réprime l'insulte aux valeurs religieuses. Ce délit peut vous envoyer en prison. Si Fazil Say n'a pas le choix, il s'exilera. En attendant, il continue à jouer. Il est en tournée. Dans deux semaines, il sera en France.
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