L'info de l'histoire : dans certaines disciplines de l'histoire olympique, les favoris ne finissent pas toujours à la place qu'ils méritent

"L'info de l'histoire" autour des Jeux olympiques. Fabrice d'Almeida, notre consultant histoire, raconte chaque matin l'info de l'histoire olympique.
Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
La nageuse française Christine Caron, médaille d'argent du 100 m dos aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964. Détentrice du record du monde de son épreuve fétiche, elle perd d'un souffle la médaille d'or au profit de l'américaine Cathy Ferguson. (JACK BURLOT / SYGMA VIA GETTY IMAGES)

"L'info de l'histoire" autour des Jeux, sera consacrée jusqu'à la fin des épreuves des JO de Paris 2024, à l'histoire olympique et ses singularités. Aujourd'hui avec Fabrice d'Almeida, professeur d'histoire à l'Université Panthéon-Assas, on parle des favoris, voire des meilleurs dans certaines disciplines de l'histoire olympique, et ils ne finissent pas toujours à la place qu'ils méritent.

franceinfo : Ces Jeux, pour l'instant, réussissent plutôt bien à nos Bleus. Quatre médailles dès hier, en rugby, en judo, en escrime. Mais ce qui vous frappe Fabrice, en sport, c'est que rien n'est écrit à l'avance, et d'ailleurs ce ne sont pas toujours les meilleurs qui gagnent ?

Fabrice d'Almeida : Oui, c'est une phrase qui revient très souvent dans la presse et dans les médias. C'est le meilleur qui a gagné. Ou une variante : il a gagné, donc c'est le meilleur. Mais en fait, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui l'emportent. On l'a vu hier en rugby à 7. Les Fidji étaient les favoris, deux fois champions olympiques. Et le proverbe veut que jamais deux sans trois. Et là, pourtant, ils ont perdu et pas de peu, 28 à 7.

Alors ça m'a fait penser que justement, les favoris, voire les meilleurs dans certaines disciplines de l'histoire olympique, ne finissent pas toujours à la place qu'ils méritent. Tenez, aux Jeux de 1964 à Tokyo, la jeune Christine Caron est la favorite pour le 100 mètres dos. La favorite, pourquoi ? Parce que cette même année, elle a éclaté le chrono. Elle est détentrice du record du monde. Une minute, huit secondes, 6/100. Aujourd'hui, le record fait neuf secondes de moins. On la retrouve dans cette vidéo de juillet 2021, elle a 73 ans et évoque ses premiers Jeux de Tokyo. 


Donc, notre chère Christine Caron nationale en 1964 à Tokyo est la favorite. La suite va se dérouler dans l'eau. Les actualités nous le racontent.

"Le tiercé du 100 mètres féminin, était beaucoup plus facile à établir. Le cœur des Français battait pour Kiki Caron, celui des Américains pour Cathy Ferguson et Virginia Duenkel. Dans cette aventure, les Français ont frisé l'infarctus. Kiki Caron, ligne numéro quatre, a perdu d'un souffle la médaille d'or. Dans cette bataille explosive, Cathy Ferguson et Christine Caron ont toutes deux pulvérisé le record du monde."

Mais oui, le speaker est un peu complaisant parce qu'on n'était pas totalement mécontent que Christine Caron quand même, ait une médaille d'argent. Parce qu'à l'époque, c'était la première médaille de la natation féminine. Et en plus, elle avait été obtenue par une jeune fille qui avait à peine 16 ans. Donc on était déçu, et en même temps, on était un peu satisfait. Mais la meilleure n'avait pas gagné.

La même année, en 1964, aux J.O. de Tokyo, même chose à nouveau ?

Alain Gottvalès, un nageur français spécialiste des épreuves de sprint en nage libre, connaît la même mésaventure. Il a battu un mois plus tôt, à Budapest, le record du monde de sa discipline, le 100 mètres nage libre. Et puis, aux Jeux olympiques, il finit seulement cinquième, le malheureux !

Et il y a eu tant d'autres situations de ce type, parfois à cause de blessures, d'autres fois à cause d'un talent adverse qui a surgi. Et tout ça a cassé les prévisions. Moi, je ne trouve pas ça si mal que le meilleur ne gagne pas toujours aux Jeux Olympiques. Ça permet d'avoir des surprises éclatantes comme celles des Bleus hier en rugby. Et puis de la surprise. Et puis bon, allez, même si on a un favori aujourd'hui, Léo Marchand en natation, on va croiser les doigts et espérer que ma chronique ne soit pas tout à fait juste.

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