L'info de l'Histoire : les chars d'assaut, décisifs en Ukraine aujourd'hui comme lors des précédents conflits
Pourquoi ces blindés sont-ils si importants dans les guerres contemporaines ? Pour le comprendre, il faut au 15 septembre 1916. Ce jour-là, sur le front de la Somme, plus précisément à Flers-Courcelette, un tank britannique Mark 1 sort des lignes tenues par les Anglais et s’avance dans le no man’s land en direction des lignes allemandes. Son commandant est le lieutenant Harold Mortimore, que ses amis surnomment Morty. 23 ans, coiffé avec sa raie au milieu et sa petite moustache, c’est lui qui mène pour la première fois un char d’assaut à la bataille. Il progresse à la vitesse de 5 km/h. Les Anglais appelle cela un tank car pour tromper les espions germaniques, les Britanniques ont fait courir le bruit que ces machines de métal équipées de chenilles étaient de simples réservoirs d’eau (water tank).
En fait ce sont des véhicules motorisés, équipés de canons et de mitrailleuses, capables de franchir les tranchées, d’écraser les fils barbelés et de résister aux balles allemandes. Et la mission de Mortimore est de passer par-dessus les défenses allemandes et d’effectuer une percée vers Flers. En arrivant devant la tranchée, ses hommes ouvrent le feu. Mortimore voit par la meurtrière le regard effaré des soldats allemands devant ce nouvel engin. Puis les casques à pointe s’enfuient.
Cette première journée, l’offensive commence bien. Mais bientôt, les pannes s’accumulent, l’artillerie allemande brise des véhicules. Le char de Mortimore est frappé par un obus et miraculeusement lui et ses hommes s’en sortent. D’autres chars sont irrémédiablement embourbés. Il faudra améliorer ce premier modèle de combat produit à toute vitesse sur ordre de la marine britannique emmenée par Winston Churchill. Lord Kitchener, le chef d'état-major de l’armée de terre, ne croyait pas à cette nouvelle arme.
France 1916, Ukraine 2023 : une même stratégie
En France, le premier char est conçu par le lieutenant Charles Fouché, à partir d’un tracteur américain, un Caterpillar modèle Baby Holt, sur ordre du général Mouret. D’autres en ont revendiqué la paternité, mais c’est bien ce jeune lieutenant et son équipe d’ouvriers qui ont réalisé le premier châssis fonctionnant avec chenilles. Et son modèle a convaincu l’état-major de commander des chars aux grandes entreprises françaises. Mais il faudra encore plusieurs mois pour mettre au point les chars Schneider et Renault, qui vont aider à percer le front adverse et à reprendre de la guerre de mouvement en 1918.
Aujourd’hui, pour l’Ukraine, les chars lourds permettraient d’élargir les options stratégiques. Ils fournissent une artillerie mobile pour bloquer la progression d’une éventuelle offensive russe au printemps. Mais surtout, ils ouvrent la possibilité d’une attaque ukrainienne en passant sur les tranchées russes pour effectuer une percée et rompre l’équilibre du front imaginé par les stratèges russes. C’était le plan des Britanniques et des Français en 1916. Une réserve toutefois : de nos jours, pour que les tanks puissent donner à plein, il leur faudra un soutien aérien et cette question n’est pas du tout résolue.
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