L'info de l'histoire : les influences étrangères dans la politique américaine
Alors que le Washington Post montre qu’Elon Musk, le milliardaire américain, aurait une collusion avec la Russie de Poutine et que le quotidien Le Monde souligne les liens étroits entre Viktor Orban et Donald Trump, comment ne pas s’interroger sur les ingérences étrangères dans la vie politique américaine ?
Ces influences étrangères remontent loin, en fait. Et les Français y ont bien sûr participé à l’époque où la France était une grande puissance. Lors de la création des Etats-Unis, la France prend position avec les révoltés américains contre la colonisation britanniques. En 1777, Lafayette vient servir dans l’état-major du général Washington, plus tard président des Etats-Unis. Et cette lutte entre puissance européennes aux Etats-Unis s’est poursuivie au XIXe siècle.
La Première Guerre mondiale voit le gouvernement fédéral subir les pressions contradictoires des Français et des Anglais, alliés cette fois contre l’Autriche et l’Allemagne. Chaque coalition accuse l’autre d’exactions, de crimes de guerre. C’est pour gagner la bataille de l’opinion que les Anglais rédigent le premier livre blanc de l’histoire, consacrés aux atrocités commises par les Allemands. Ils l’emportent quand les Etats-Unis entrent en guerre en 1917 de leur côté, contre l’Allemagne.
Et cela continue dans les années 1930. Les nazis cherchent des allés pour peser sur la politique américaine. Ils reçoivent en grande pompe le magnat de la presse Randolph Hearst qui leur accorde son soutien un moment. Puis l’aviateur Charles Lindbergh prend des positions racistes proches de celle des nazis. Tout comme le père Coughlin, un prêtre catholique antisémite qui prend position contre le président Roosevelt de nouveau candidat en 1936, en disant que son New Deal est un "Jew Deal".
La France comme la Grande-Bretagne poussent encore à Washington pour garder l’allié américain. Les tensions étrangères sont si fortes qu’en 1938 est adoptée une nouvelle règlementation pour que les lobbyistes travaillant pour une puissance étrangère se déclarent. C’est la naissance du Foreign Agents Registration Act (FARA). Et en 1971, le Federal Election Campaign Act (FECA) est adopté, pour empêcher qu’une puissance étrangère finance une campagne électorale américaine.
Les espions russes infiltrés jusqu'au cœur de la démocratie américaine
Pendant la Guerre froide, les communistes font tout pour infiltrer les élites américaines, avec des agents dormants. Un documentaire diffusé sur France 5, intitulé Opération Trump, le montre. Ce fim du réalisateur Antoine Vitkine illustre comment, depuis l’époque soviétique, le KGB a infiltré des espions au sein de l’élite américaine et notamment autour de Donald Trump. Ce dernier doit son élection de 2016 en partie à Poutine. Et encore aujourd’hui des influences russes sont à l’œuvre sur l’élection présidentielle américaine.
Au-delà de l’espionnage, le lobbyisme touche de nombreux pays et communautés ethniques. Les Arméniens, par exemple, ont longtemps obtenu des soutiens du Congrès grâce à leurs campagnes actives. Leurs adversaires azéris se sont appuyés sur la Turquie et même sur Israël à un moment pour entraver l’aide américaine. Sans oublier la Corée du Sud et Taiwan, qui tentent chacune de résister à la pression chinoise.
En somme, la vie publique américaine est ouverte aux influences de la planète. Longtemps, grâce aux lois sur le lobbying, on pouvait voir qui essayait d’en tirer les fils. La difficulté aujourd’hui est que malgré les lois, les bonnes vieilles méthodes d’action occulte font leur retour. Seul le patriotisme puissant dans le pays peut en limiter les effets.
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